Mon travail photographique tend vers des images où le propos n’est plus d’être le plus convaincant possible mais plutôt d’entrer dans une ère de doute, ou du moins de la discrétion du contenu.
Car la force de mes images c'est leur tension non résolue, le regardeur doit essayer de déchiffrer l’espace et les évènements susceptibles de s’y être produit. Je tente de l’encourager à rechercher une forme de récit, en dépit des quelques signes lui indiquant qu’il s’agit d’un espace construit de toute pièce, donc fictif. On peut considérer que tout est réel mais jusqu’à un certain point.

Je pense qu’il y a un certain élément d’aliénation dans beaucoup de mes travaux. On ne se sent pas très confortable, mais on connaît l’endroit. D’une façon, on ne comprend jamais jusqu’à quel point c’est bon marché ou comment c’est peu amical. Et très souvent, je joue avec le fait que c’est, d’une part, très banal et, d’autre part, que l’image possède un niveau élevé d’un mal être potentiel, puisqu’elle s’inscrit dans l’architecture. J’essaie de tout mettre dans l’image que ma mémoire conserve encore et le reste, je le laisse de côté. Ainsi les architectes eux-mêmes comprennent que l’architecture n’est pas tant la structure qui nous protège de la pluie, mais c’est également un lieu émotif. Ceci renvoie à une idée très ancienne de l’époque des Lumières : en fait l’architecture influencerait les citoyens vers une certaine chose ou vers un certain comportement, idée qui, évidemment, a été poussée très loin durant le fascisme avec des édifices immensément vastes et dont la structure était particulièrement intimidante.