Au XVIIIème siècle vécut en France un homme qui compta parmi les personnages les plus géniaux et les plus abominables de cette époque qui pourtant ne manqua pas de génies abominables.
Dans la maison de cet homme, une fiole tomba. Un enfant affolé voulut partir mais une main s'abattit sur sa frêle épaule. Perdu dans le noir, Edouard se disait que son heure était venue. Le maître de la maison allait le punir de son intrusion ! D'une vieille voix râpeuse, il lui somma de s'asseoir là et de ne absolument pas bouger. Il était tétanisé sur le tabouret bancal. Donc il obéit, espérant que cela sauverait peut-être sa peau.
L'enfant osait à peine regarder autour de lui. Il y avait des fioles contenant de nombreuses pattes de reptiles. Et d'autres récipients étaient remplis d'animaux avec parfois trois yeux. Derrière lui survenaient parfois les plaintes de colère de celui qu'il voyait comme une sorcière. Mais quand il se retournait pour regarder ce qu'il tramait, il n'y avait que les ténèbres. Toute cette ambiance le maintenait encore plus cloué sur son siège.
Sur le moment, il maudit ses amis. Ils avaient parié cinq sous qu'Edouard n'aurait pas le cran de ramener une fiole. Dorénavant il regrettait juste d'être entré par effraction dans le sombre laboratoire. Il entendait parfois des bruits. Des coups de couteaux et autres sons d'instruments de cuisine. Disséquait-il des bêtes pour les mettre dans les bocaux ? Était-il le prochain ? Il sursautait à chaque grincement. Ils accompagnaient l'ombre mouvante de l'abominable docteur qui s'affairait à ses mélanges douteux.
Après un gros fracas de verre, une ultime insulte grinçante, le vieil homme revint. Il avait une potion, encore frétillante. Le garçon déglutit, sûr de voir devant lui l'objet de sa mort. Le docteur la lui tendit sèchement. Et quand le petit s'attendait à se faire ordonner de la boire, le sorcier lui somma de la prendre et de filer la donner à sa mère. L'enfant hésita en rendant la main vers la concoction. Mais dès qu'il l'eu en main, il courut à toute vitesse vers la porte. Directement, il fonça chez lui, voulant pleurer dans les jupes de sa mère. Il trouva cette dernière étalée au sol …
