Clara Abi Nader's profile

Le Charme Discret De La Bourgeoisie

Une brioche et une tasse de thé.
Des morceaux de sucres avec du chocolat
saupoudré.
 Assise on me regardait.

Buvant ma tasse on me regardait.
Mangeant ma brioche on me regardait.
Fumant ma cigarette on me regardait.

Mais je vous jure que je n’ai rien fais.
Les anciennes copines de collège retrouvées.
 
À première vue, on se demanderait ce qu’elles faisaient assises à la même table.
Elles étaient bien quatre mais on dirait qu’elles étaient venues en couple.
Deux par deux elles discutaient entre elles,
rarement elles se regardaient,
rarement elles se taisaient.
Elles étaient quatre mais en fait deux,
de leur nouvelle vie elles se vantaient, du mari, des enfants, de la villa nouvellement achetée,
c’était ca à présent,
la vie ensoleillée.
 
Et si un "homme fatal" existerait.
 
Au fond, ces deux la travaillaient,
chacun sur sa machine, ils tapotaient,
parfois ils relevaient la tête et se parlaient.
En regardant de moins près, je m’arrêtais.
A ces mocassins noirs, ce jean et cette main
refermée, sur une cigarette qui allait et
revenait entre ses lèvres puis sur son genou se reposait. C’était lui, j’en étais sure, il était beau a crever.
Il fumait,
silencieux il demeurait.
Se retournait vers sa gauche, sa tête il la relevait.
Il avait le regard loin et rien ne semblait le gêner.
 
La chaise léopard et la femme qui lui allait:
 
Le vase était encore a sa place,
le bouquet toujours le même,
comme si ces roses ne se fanaient pas.
Et elle a la lumière du jour.
Des bottes marron, une robe blanche.
Des cheveux en queue de cheval,
un visage bien oval.
Elle attendait. Elle guettait.
L’autre lui parlait mais elle regardait quand même ailleurs.
Elle cherchait, elle cherchait mais en vain.
Elle demeurait, mélancolique.
 
La femme aux lunettes de soleil.
 
A 14h24, un jeudi,
le soleil tapait fort, très fort.
Il faisait bon
et les minutes s’écoulaient lentement.
Elle venait de rentrer par la porte d’à coté.
Elle s’assit,
posa son coude sur la table et dévoila son visage.
Il y avait à cette table 3 choses.
La bague au doigt,
les lunettes de soleil qu’elle mettait et remettait.
La gaufre dans l’assiette à laquelle elle n’a pas touchée.
 
Hier encore, elle avait vingt ans:
 
Elle avait la robe. Les talons noirs.
Les cheveux courts.
Les jambes bien découvertes.
La bouteille de bière, le verre a moitié vidé.
La cigarette entre les doigts.
Les jambes bien croisées.
Elles étaient retournées vers elle.
Elle était le centre et elles la regardaient,
lui souriaient, lui faisaient la discussion.
Elle croyait avoir tout pour les rendre jalouses.
Sauf que non.
Elle n’avait plus ses vingt ans non plus.
 
Les indispensables: (deuxieme partie)

Comme si ca fait partie de la personne.
Ce bout qu’ils retiennent entre les doigts,
ce bout qu’ils ne lâchent plus
jusqu’à ce qu’il se consume, un bout qui va et qui vient entre leurs lèvres et leurs doigts.
Balancent la main une fois a gauche
une fois a droite.
Ils inspirent. Expirent.
Il est temps d’en rallumer une autre.
Indispensable au plaisir de la main.
 
Fascinante, et
 
C’est dans ces moments-la que tout peut arriver.
Quand la lumière est au bon point,
quand la théière brille de ses éclats,
quand la blancheur des assiettes est plus blanche que neige.
Il n’y a pas à hésiter. Les bouts de baguettes y étaient,
la confiture toujours intacte, tout était beau et.
Son regard a suffit.
Oui son regard avait suffit.
La magie de la photo c’est que c’est l’objet qui fait tout le travail.
Dans ce moment où tout est a son parfait état
il n’y a pas à hésiter.
Il ne faut pas penser deux fois.
Presser,
il faut se presser et cliquer.
Le travail était fait.
 
Le Charme Discret De La Bourgeoisie
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Le Charme Discret De La Bourgeoisie

Final diploma project where I decided to make a book about the bourgoisie in a famous coffee restaurant place. I took photos and wrote about the Read More

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