Pascal MARQUILLY's profilefrançois andes's profile

PER ASPERA AD ASTRA (Nuit Effroyable)

PER ASPERA AD ASTRA (Dans la nuit effroyable)
Le regard blanc livide fixe, arrime les silhouettes naturalistes au fond de la rétine, mais ne croisent aucune concordance, éjecte l’image irréelle au plus profond de la cavité. Ainsi des cadavres s’animent indolents, raclent de leurs sabots, griffes, doigts, d’un cercle large les parois du crâne creux de l’enfant câblé phosphorescent.
Balayés sans cesse par les vents indifférents, les corps bestiaux décharnés s’amenuisent, des lambeaux de chair se détachent, peu à peu, emportés par le souffle puissant de l’air, tourbillonnent en une spirale sans fin dont chaque courbe se double de boucles circulaires éreintant l’espace clos, et sont expulsés soudain par la bouche candide entrouverte au centre du visage frêle, échouent et s’accrochent dans les taillis asséchés parsemant l’étendue.

C’est un paysage dépouillé où les peaux morcelées pendillent sur les branches et figurent dans l’ensemble des monstruosités décoratives. Quelques oiseaux déplumés trônent sur les cimes hagardes, vomissent incessants des déchets toxiques, grignotent la texture molle des chairs tuméfiées. L’innocence enfantine malingre épuisée par l’imaginaire morbide s’imposant à lui, s'essouffle et hurle aphone au milieu du désastre diaphane. Autour valsent des figures fantomatiques difformes évoquant un bestiaire affolé dont les faces grimaçantes chancelantes s’écrasent avec fracas dans la poussière. Le tumulte furieux extrême écrase massif la beauté offerte de la nature, sa diversité profonde dissoute, estompée par l’exploitation insensée et vorace. Se dérobe enfin le songe obscur et survient saisissante la terre désolée, pauvre et sèche, dure et désertique ; dessus des nuages denses maussades s’accumulent et brillent métalliques.

L’ombre des bêtes s’efface dans la forêt lointaine carbonisée, plongée irrémédiable dans les ténèbres, et la terre accablée ondoie en un long frisson parcourant la plaine rase. Alors l’enfant apeuré se détourne de la fantaisie dépecée et plonge dans le cauchemar agrippé au réel, absorbé d’un trait par ce monde bientôt méconnaissable, dans ses larmes amères miroitent les âmes réduites à la faconde des pères coupables dont la menace anthropique s’éploie irréversible dévastatrice.
PER ASPERA AD ASTRA (Nuit Effroyable)
Published:

Project Made For

PER ASPERA AD ASTRA (Nuit Effroyable)

Published:

Creative Fields