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Imaginaires Citadins

Imaginaires citadins
Extraits de Charles Péguy, « De la situation faite au parti intellectuel dans le monde moderne devant les accidents de
gloire temporelle », Oeuvres en prose, vol. II, Gallimard, Paris, 1988
&
Ernst Stadler, Philippe Abry (trad.), « Quartier juif à Londres », Le Départ, Arfuyen, Paris, 2014

Arrangés par Julie Bierling et Juliet Vathelet
Illustrés par Lucie Larousse et Agathe Senn


(52 pages noir & blanc découpées à la main, relié avec dos toilé. 9 exemplaires.)


Note d'intention :

Qu’est ce que la ville sinon un lieu cosmopolite, hybride, où s’éveillent et se côtoient différentes pensées, différentes émotions, différentes images. La ville est, pour nous, le lieu de tous les possibles, sorte de concentré de la diversité humaine. La ville c’est aussi le symbole de la modernité. Modernité que certains, tel Charles Péguy, ont rejeté ; que d’autres, tel Ernst Stadler, ont dépeint dans toute sa morbidité, l’offrant nue, vraie, sans artifice.
 L’exposition  « 1914, la Mort des Poètes », mise en place à l’occasion de la réouverture de la BNU,  est un moyen de redonner vie à ces textes qui abordent des sujets pourtant actuels, mais que l’on ne sait souvent plus interpréter. Or leur redonner vie revient tout simplement à les modernisr, ce qui explique notre attachement pour ce thème.
De chacun des textes émane un discours ; deux discours opposés donc qui se font pourtant écho, qui se répondent. Notre motivation a été de fusionner ces discours pour en créer un troisième, unifier ces poèmes au-delà de la mort à travers les mots en donnant vie à une ville unique, universelle, berceau de toutes les villes du monde. Il pourrait s’agir alors de la réalisation d’un discours universel de paix, en cette veille de guerre, ou du moins est-ce comme tel que nous avons voulu l’interpréter.
Nous avons pris parti d’insérer les vers du poème d’Ernst Stadler en fonction des thématiques évoquées au long du texte de Charles Péguy. Les vers de Stadler deviennent de fait les détails d’une ville idéale décrite par Péguy et dont l’éloge n’est autre qu’un récit cadre ponctué de descriptions sordides. Pour autant, nous avons fait le choix de ne pas fusionner totalement ces deux textes, en les distinguant de manière visuelle par deux typographies différentes et par des sauts à la ligne significatifs. De même, nous n’avons pas effectué d’harmonisation de la ponctuation ni de la syntaxe, désirant conserver les textes dans leur originalité. Ce sont donc deux discours superposés, qui font sens séparément mais trouvent une fin nouvelle lorsqu’ils sont lus ensemble.
Mais le texte seul n’est rien sans une lecture imagée des propos de nos deux auteurs. Ainsi, les illustrations sont  basées sur un décor en découpes avec des plans successifs. En utilisant le principe d’une fenêtre dans la page, qui souligne l’effet de profondeur recherché, le lecteur est invité à se promener dans l'image. Il évolue alors dans le texte à travers l’image, surprise par l’apparition constante de nouvelles illustrations. Il s’agit de créer un effet de mouvement, renforcé par les détails qui changent au fil des pages, venant surprendre le lecteur.  La petite taille des fenêtres illustrées et la minutie du crayonné accentuent aussi le côté intimiste de cette balade citadine. La sédimentation des images fait aussi  écho à la sédimentation de l'histoire, des peuples, largement évoquée dans le texte de Péguy.
 La technique employée n’est autre que celle de la carte à gratter ; il s’agit donc d’un dessin "en négatif" qui rappelle la gravure sur bois et l’expressionnisme allemand de l'époque. Cette technique minutieuse se prête par ailleurs très bien à la réalisation de petites vignettes.
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