Photographier me permet de passer d’un monde réel et visible à un monde intérieur dans lequel je ne cesse d’interroger le souvenir, la mémoire.
Depuis plusieurs années, j’ai engagé un travail autour de la peinture et de la photographie ancienne. Deux supports que je re-photographie pour confondre les mondes.
Je veux, d’une part, rendre poreuses les frontières qui séparent ces univers de la représentation et favoriser le dialogue entre le monde visible et le monde intérieur. Pour cela, je mets en lumière la matière, la lumière et, en m’appuyant sur les spécificités intrinsèques à la photographie (hautes lumières,
flou, bougé..). Je crée les brèches nécessaires au « passage entre ces mondes ». Cette notion est pour moi essentielle. Ainsi le paysage peut être traité comme une peinture et devient un pont entre le réel et l’imaginaire. Je cherche le moment où le ciel pénètre la terre, l’arbre pénètre le ciel, le moment où le paysage devient peinture et la peinture, paysage. Je tente la même expérience avec le portrait. Les sujets que je photographie sont-ils des personnes réelles ou des images sorties d’un tableau ou d’une photographie ancienne? Brouiller les repaires spatio-temporels de manière à permettre ce passage que je m’attache à privilégier entre plusieurs univers. Je marie ces traces de vie avec des photographies de peintures dans lesquelles je cherche à travers la matière du tableau, à partir d’une tache, d’une lumière, à pénétrer
à l’intérieur de l’image, à passer de l’autre côté, comme Alice à travers le miroir.