Les colocs''s profile

Devoir d'atelier d'écriture by Dodo

Un peu de lecture
Quoi de neuf ?
 

Ce beau début de journée résonnaitétrangement en lui : le soleil avait enfin accepté l’invitation de ce gay automne,les arbres jouaient les étalons effarouchés (un coup par si un coup par là etHOP ça repoussait !) et les oiseaux les chanteurs lyriques… TUPARLES !! Même ce petit bonheur sensoriel   le « spleenait ».

Il referma safenêtre, baissa son velux, éteignit la lumière et alla se caler au chaud, prèsde sa paire de fesses préférée du moment. Il faut croire, oui, qu’il en avaitplusieurs mais jamais en même temps… Il avait une morale ! Il caressaalors cette harmonieuse paire qui lui paraissait plus qu’à son goût. C’estcomme ça qu’ils les considéraient : des fesses des fesses et encore desfesses. A chacun sa vision, d’autres plus basses que certains. Un baiser sur lapage de gauche puis sur celle de droite sonna l’heure du réveil pour tous. Legarde à vous du matin prit ensuite les rennes. 

S’ensuivit une longue conversation entre lui et sonpaquet de clopes : il n’arrêtait pas de le solliciter jusqu’à ce que lepaquet dû lui montrer qu’il ne pouvait plus rien faire pour lui. Un fond sonorede techno abrutissante comblait les trous laissé par le silence vide de sonexistence : il n’était pas très fier de son présent mais avait grandespoir en son futur,  tout ne semblaitpas encore  perdu ! 

A peine ce dimanche avait débuté qu’il était déjàterminé. A quoi peut bien me servir un dimanche se dit-il : coincé entrele samedi soir et le lundi, il ne lui apportait que stress et déprime. Mais l’après-midine fut guère monotone : il détestait cela, ses journées étaient toujoursremplies et tout passait à vive allure. Il devait faire quelque chose de sesmains, peut importe ce qu’il en faisait tant que ce n’était pas pour essuyerles larmes de son visage ou pour récurer les chiottes. Pourquoipleurait-il ? Cet imbécile ne le savait même pas, il n’y trouvait aucunsoulagement, juste une  raison de plus pourse trouver ridicule. 

Pourtant à première vue il ne parait pas si torturé ce ptit(comptons entre 18 et 20 ans). Pour exemple, la rencontre qu’il a faite jeudisoir au bar : assis seul à la terrasse il venait de se faire déféquerdessus par un pigeon (ô joie quand tu nous tiens !). 

Blasé comme à son habitude il tentait d’essuyer cettematière stercoraire qui s’accordait si bien avec le vert kaki, pour ne pas direcaca d’oie, de sa veste. A ce moment là, le téléphone de sa voisine de tablesonna : début d’une violente dispute entre elle et à première vue sontéléphone qui se termina au bout d’une heure. Il offrit alors une cigarette àcette enragée (Marie s’appelait-elle) qui ne le trouva pas si vide de sens sije me souviens bien. Pour vous dire qu’en public il se sent bien, il est bien,quoiqu’un peu décalé enfin bon…

Reprenons. 

Après un petit message d’un ami bien inutile il se mit enquête de nourrir celui qui le commandait à chaque matinée, de janvier àdécembre : Mr son estomac s’il vous plaît. Il découvrit alorsl’impensable, un soupir de plaisir lui remonta des profondeurs de sonémoi : cette forme cylindrique d’une cohérence chromatique à touteépreuve, d’une odeur détectable parmi mille autres et d’un goût à vous fairelâcher un pet durant votre premier entretien d’embauche (je vous laissesavourer la scène). C’était les restes de la veille, trois makis au saumon et  avocat lui tendaient les bras (avec un peud’imagination je vous assure qu’on voit les bras). En deux secondes le génocideétait fini, peut-être le plus rapide de l’Histoire ! 

Il se reposa de cet effort immense en s’aidant dequelques bouffées de fumée et finalement s’endormit en pensant au vide ultimede son paquet de cigarette et à la possibilité de se faire tuer demain enallant en cours par une balle perdue entre la police et un clown névrosé à laretraite qui avait dévalisé par erreur la banque que son fils dirigeait, eh ouiça arrive. 

A son réveil, il devait être dans les 23h : encoredécalé il sera ! Cela ne le gênait plus. Finalement, s’il se sentait endécalage avec la majeure partie des gens qu’il rencontrait autant qu’il le soitavec tout le reste. Une nuit blanche l’attendait donc rythmée par des crises d’angoisse,de vives interrogations et après avoir pris quelques degrés d’altitude,d’irrépressibles fous rires solitaires qui, en réalité, ne le faisait ques’embourber dans son triste tourment d’adolescent. Mais cela legrandissait !! Enfin il le pense, peut être bien que c’estl’essentiel : « je pense donc je suis »  dit un jourun homme. Ma foi il n’avait pas tort. En tout cas il se sentait mieux danscette optique. 

Après avoir philosophé des heures durant jusqu’à l’aubesur le pourquoi du comment et du où avec qui et ce quand il décida d’aller encours.

L’épreuve dujour : arriver à l’heure au premier cours de la journée, noter sonintégralité et ne pas s’endormir bref rentrer dans les cases. C’esteffectivement ce qu’il pensait et les cases prévues étaient beaucoup troppetites pour lui. Ce n’est pas qu’il manifestait un total refus à obéir NON aucontraire il estimait beaucoup les études qu’il faisait mais il ne pouvaits’empêcher de penser plus grand, plus large et plus loin. Sans cesse… était sadevise. 

« BON GROS TASTU TE REVEILLES TU VAS ETRE EN RETARD JE SAIS QUE TU DORS BOUGE TOI JSUIS A LAGARE DANS 10 MIN A TOUTE TCHIP »

C’est  à peu prèsle message qu’il reçut vers 8h : celui de son amie avec qui il allaitchaque matin en cours… Elle devait être sur les nerfs. Il ne prit pas la peinede répondre et se dirigea vers sa deuxième journée, celle de la surface, celleoù il refoulait toutes ces idées noires pour ne ressortir que la face joyeuseet enthousiaste de sa personnalité en somme sa journée du « fairesemblant » l’appelait-il. 

En sortant du train, un sourire mécanique apparu sur sonvisage, ses cernes disparurent, sa fatigue envolée et son humeur étaithypocritement au beau fixe. Arriva la farandole des bises habituelles, des« ça va bien ? », des rires forcés conventionnels.

Le lundi matinétait son cours préféré eh oui c’était le cours de Mr Ducos. Le fameuxprofesseur de cours pratiques. Il s’était toujours demandé que pouvait biensignifier ce nom et en quoi consistait cette matière mais je crois bien qu’ils’en fichait : les deux belles courbures qu’il pouvait admirer quand MrDucos écrivait au tableau lui suffisait amplement pour suivre le cours (etqu’est ce qu’il aimait ça… écrire au tableau). 

Cela faisait déjà quelques mois que ce fantasme s’étaitinstallé dans son esprit. Il ne pouvait plus l’ignorer, faire semblant luiétait devenu impossible, il devait faire quelque chose. Il avait bien remarquéles jeux de regards entre eux deux, les petits sourires qui veulent tout dire :c’était à lui de franchir le pas. A la fin du cours il décida d’aller luiparler lorsque tout le monde était parti et qu’ils se retrouvaient seuls commeà chaque fin de l’heure.

« Monsieur, j’ai quelque chose à vousdemander. ». Il avait mis dans sa voix toute la séduction qu’il pouvaitatteindre, cela faisait des mois qu’il rêvait de ce moment.
 Un acte sensuel etsexuel sorti de toutes contraintes et de tout code. Son cœur palpitait, ilaimait ça, il se sentait présent, droit dans ses chaussures prêt à extirper cequ’il avait tout au fond de lui.

Le professeur était assis à son bureau, son regard netrompait pas, il ne cachait rien. Cela ne servait à rien de parler, c’étaitl’aboutissement final de mois de dialogue de muet, de séduction effrénée et defrustration intense  qui allait êtrebrisé. Il se leva, ferma la porte sans dire un mot, s’approcha du petit enfantqu’il était devenu en une fraction de seconde comme soumis au moindre désir queson maître allait lui ordonner. Une première caresse se fit sentir, puis unedeuxième. Ce premier contact fit frissonner l’ado. C’était un plaisir inconnu,celui d’un acte désiré et spontané, il ne réfléchissait à rien, savouraitl’instant présent, cela ne faisait qu’augmenter son excitation. Il se laissaitfaire, après tout, c’était lui le novice dans l’histoire et il jouait son rôleà la perfection.

Le professeur approcha ses lèvres des siennes.  Ce fut des lèvres fermes, charnues, pleinesd’expérience  qui se colla à celle dugamin qu’il était. Il faisait honte à voir, c’était un enfant… UN ENFANT déjàperdu au début de sa vie. Le pauvre, tout l’épuisait, il n’en pouvait plusd’être fatigué à chaque pas qu’il faisait, comme s’il portait sur son dostoutes ses années passées, errant dans ses désillusions, ses malheurs, sesputains de bonheurs, ses coups de gueule, ses surprises, ses devoirs. Et voyezjusqu’où il en était arrivé… Mais tout cela l’excitait, le rendait fou, ilavait abandonné toutes ses inhibitions, il n’y avait que lui qui comptait, luiet son sexe.

Le mâle prit alors les choses en main. Il déboutonna lepantalon de son élève, sa braguette s’ouvrit d’elle-même sous la pression deson organe en pleine érection.
 La scène futbelle, digne d’un film de minuit un samedi soir mais la fin était programmée. Amesure que l’homme, qu’il pensait être à présent le sien, s’enfonçait plusprofondément en lui, sa peau se glaçait, son dos se cambrait, il frissonnait,se délectait de cette chair.

Et puis tout se finit. En un instant il s’était retrouvéseul, à moitié nu contre le bureau. Il n’avait eu le temps que d’entendre laporte qui se refermait en un grand claquement. Il se sentait sale et sali,comme si des milliers de doigts l’avaient touché. Il s’effondra en larmes, criade souffrance… Il n’en pouvait plus de cette vie, QU’ELLE S’ARRETE c’est toutce qu’il demandait.

Il rentra chez lui, s’alluma une cigarette tout en seservant un verre de vin. Que devait-il faire ? De toute façon il savaitpertinemment que demain matin il aurait oublié cette scène. Il était comme ça,plutôt que d’affronter ses problèmes il les perdait dans sa mémoire pour neplus les retrouver et c’est sur cette base instable qu’il vivait chaque minutede sa vie, sur un fil tendu au dessus du vide. Il reçut alors un mail d’unémetteur inconnu : il ne s’est rien passé… Réponse : rien du tout. Bonne journée.

Il était au fond, jamais il ne s’était senti aussi vide.Plus rien n’avait de sens, tout lui paraissait flou. Il était extérieur auMonde, extérieur à sa propre enveloppe corporelle, à ses émotions, sessentiments, il ne se sentait même plus vivre. Ses yeux n’étaient plus lessiens, sa bouche non plus, son corps entier appartenait à quelqu’un d’autremais à qui ?

Son démon était de retour, il s’était une nouvelle foisemparé de lui. Il se rappelait la dernière fois que cela était arrivé : undrame. Il avait gagné en puissance, la bête qu’il hébergeait devenait de plusen plus incontrôlable. Il commença à trembler de tout son corps, des gestesdéraisonnés traduisaient sa folie, des larmes coulaient de son visage. Il secramponnait à ce qu’il pouvait, il devait stopper ce diable qu’il avait en lui.Il agrippa sa bouteille, porta le goulot à sa bouche et bu, bu encore jusqu’àla terminer.

Ce n’était pas forcément la meilleure des solutions. Ilfut, la minute d’après, prit de violents vomissements qui finirent de repeindrel’intégralité de son parquet. Il se leva et se dirigea vers la salle de bain.Devant son miroir c’était quelqu’un d’autre : il avait les yeux injectésde sang, son crâne était parsemé de trous tant il s’était arraché les cheveux,sa peau était d’un teint pâle à en faire rougir un fantôme. Le démon prenaitpossession de lui et il ne pouvait plus rien faire. Toutes ces années à espérerun meilleur avenir, une nouvelle vie… A chaque respiration, il espérait qu’ilallait changer, qu’un miracle pouvait se produire et le sauver de sa détressecar il n’avait personne, personne à qui parler, à qui échanger, il s’étaitéloigné de tout le monde.

Mais maintenant il était trop tard. Il marcha quelquesinstants vers son lit et avant de parvenir à celui-ci s’écroula au milieu deson couloir. Par terre, dans son vomi rouge il était inconscient.

Mais comment pouvait-il en être arrivé là ? Ladescente aux enfers est bien plus rapide que l’on ne le croit. Un instant vousêtes joyeux, heureux sans savoir pourquoi et la seconde d’après vos vieuxdémons vous rattrapent. Toutes les horreurs que vous avez vécus, les nuitspassées à vous morfondre dans votre solitude, vos désirs pervertis, vosdéceptions, tout cela revient en un éclair et vous éclate à la figure. Uneballe traverse votre cerveau.

Ilfinit par se réveiller. Seul dans son appartement, il était étrangement calme.Il eut à peine la force de se lever vers la cuisine, là il ouvrit un destiroirs et le prit sans aucune réaction, sans expression. Et ce fut la premièrefois de sa vie qu’il savait réellement quoi faire. Complexe est ce garçon, ilvient dans votre vie pour un temps et en ressort étrangement sans que l’on s’enaperçoive.
 
 
 







Jour et heure du décès : lundi 28 mars, 21h54. Meilleursera son futur.
Devoir d'atelier d'écriture by Dodo
Published:

Devoir d'atelier d'écriture by Dodo

Une petite nouvelle, elle passe, elle peut émouvoir mais elle passe...

Published:

Creative Fields