CAMERICA DEL SUR
 
Depuis 14 ans, le festival Filmar en América Latina met en lumière toute la diversité du cinéma sud-américain. Le large panel de films proposés permet de découvrir un cinéma riche et varié, telles les productions boliviennes, guatémaltèques ou de Puerto Rico. Cette année, tous les regards seront rivés sur le cinéma brésilien, pays à l’honneur pour cette nouvelle édition.
Rencontre avec Sara Cereghetti, coordinatrice et programmatrice de l’événement.
 
GO- Cette année, le Brésil est à l’honneur. Comment choissisez-vous le pays qui sera mis en avant ?
SC- Cette année, le Brésil a été choisi car il a fait l’actualité en 2012, en termes sportifs, politiques et culturels. Il a également produit beaucoup de films intéressants ces dernières années.
Le but de Filmar consiste à donner de l’espace à des cinémas moins commercialisés et de refléter au maximum la diversité de la création sud-américaine. Travailler à la programmation nous permet de découvrir des productions moins connues et plus vivantes.
 
Vos coups de cœur cette année ?
Sans hésiter, Sudeste d’Eduardo Nunes. C’est un des films qui m’a le plus touché. La playa D.C. m’a également beaucoup émue. Avec cette fiction colombienne, Juan Andrés Arango présente là son premier long métrage. Le film traie des communautés noires de Colombie d’une manière très poétique. Du côté des documentaires, je pencherais pour Nacer, Diario de Maternidad de Jorge Caballero. Il explore la thématique de la naissance dans différents hôpitaux de Bogotà. Il est filmé avec beaucoup de tact et de tendresse. Un vrai petit bijou.
 
Avez-vous remarqué une évolution du public au cours de ces quatorze années de projections ?
Au cours des quatre dernières années, le public s’est fidélisé. Il est désormais principalement composé de cinéphiles et de passionnés d’Amérique du Sud. A ces groupes s’ajoutent les communautés latinos de Genève et les militants dans le domaine de la solidarité internationale. Filmar a également pour but de renforcer le public jeune en lui proposant des activités et une programmation adaptés.
 
Le cinéma d’Amérique latine est d’une telle richesse et d’une telle diversité, comment faites-vous pour sélectionner les films qui seront présentés ?
Un gros travail d’exploration de fait avec les instituts du cinéma des pays d’Amérique latine, en vue d’être constamment à jour. Vient ensuite le visionnement à l’interne afin de classer et déterminer les films qui feront partie de la programmation. Nous essayons toujours de suivre la trajectoire artistique des réalisateurs pour apprécier la continuité dans leur travail. Nous collaborons aussi beaucoup avec d’autres festivals en Europe, comme le Cinélatino de Toulouse.
SWISS4EVER

26 cantons, 4 langues, 7 conseillés fédéraux, le tout réuni sur un tout petit pays, calé au milieu de l’Europe. Nul doute que la majorité des étrangers aient une notion un peu floue de la Suisse. Mais, comme tout pays qui se respecte, notre Helvétie est bourrée de stéréotypes en tous genres qui permettent de s’en faire une image très caricaturale, certes. Les Suisses eux-mêmes n’y vont pas avec le dos de la cuillère et aiment se jouer des clichés qui distinguent les Romands des Suisses allemands. Somme toute, nous sommes assez différents.

Valaisan d’origine, Yann Lambiel est suisse et le revendique. Imitateur, chanteur et humoriste, il a le don de nous faire rire en se jouant des clichés helvétiques et de ses personnalités. Son point de vue sur la Suisse en tant que romand.

GO- Quel est votre lieu préféré en Suisse romande ? Et en Suisse allemande ?
YL- J’aime beaucoup le Valais en hiver. Il y a toujours du soleil comparativement à l’arc lémanqiue, souvent caché sous le brouillard. C’est aussi ma région, je l’affectionne donc particulièrement. En été, le lac Léman est vraiment un lieu que j’apprécie. C’est un peu la Côte d’Azur suisse. Je connais très peu la Suisse allemande mais à l’époque de l’armée, j’étais à Interlaken. Dans mes souvenirs, c’est un bel endroit.

Vous avez certainement dû parcourir la Suisse grâce à vos diverses représentations et spectacles. D’après vous, quelle est la ville la plus moche de Suisse ? Et la plus drôle ?
La Chaux-de-Fonds est une des villes les moins esthétiques à mes yeux. Mais elles ont toutes leur charme. Gland est une des plus drôles, de par son nom. Tout comme plusieurs lieux en Valais, telle que la cascade de Pissevache.

Et Genève dans tout ça, comment la décririez-vous ?
Genève c’est un peu le Paris de la Suisse. Une sorte d’OVNI. Les Genevois ont vraiment une autre mentalité par rapport au reste de la Suisse. J’ai débuté ma carrière dans cette ville, je me suis donc adapté à sa façon de penser.

En tant qu’humoriste, la Suisse est-elle une source intarissable d’inspiration ?
Bien sûr. La Suisse a une actualité riche. Il y a toujours de quoi rire de ce clivage entre les Romands et les Suisses allemands et de la politique aussi.

Comment décrivez-vous la Suisse lorsque vous êtes à l’étranger ?
Lac et pistes de ski feront automatiquement partie de ma première phrase. On tombe tous assez rapidement dans les stéréotypes.

Un dernier mot sur votre actualité et vos projets pour 2013.
« L’intégrale «  de Yann Lambiel, un best-of des dix dernières années est sorti en DVD. Et l’an prochain, je jouerai à Paris. Un challenge, sachant que je m’adresse à un public différent. Il faut éviter de tomber dans la parodie de Laurent Gerra.

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Valérie Mauriac est une Suissesse d’adoption, fan de chocolat. Après plusieurs années à Zurich puis à Genève, elle nous fait part de ses observations un brin satirique sur une Helvétie caricaturée. Rencontre avec cette « humourienne » et sa vision de la Suisse.

GO- Quel est votre lieu préféré en Suisse romande ? Et en Suisse allemande ?
J’ai vécu vingt ans à Zurich et vingt ans à Genève. J’aime énormément ces deux villes. Genève est faite d’interactions et culturellement très riche. Zurich aussi, qui est très dynamique et arrogante, mais dans le bon sens du terme. C’est une ville qui bouillonne et il faut aimer cette frénésie.

On compare souvent les Genevois aux Français. Vous êtes vous-même originaire de France. Comment ressentez-vous cette comparaison ?
La France et la Suisse s’influencent mutuellement, culturellement et géographiquement. Je me sens aujourd’hui comme une franco-suisse assimilée.

Et Genève dans tout ça, comment la décririez-vous ?
Genève est un condensé de ville : on y trouve des Genevois, des Suisses, des étrangers, des expatriés, des « Français d’à côté », un véritable melting pot. J’aime les interactions et il y en a beaucoup. C’est une petite ville par sa taille mais qui a les ambitions et les moyens d’une grande.

En tant qu’humourienne, la Suisse est-elle une source intarissable d’inspiration ?
Evidemment ! D’un canton à un autre c’est souvent « je t’aime moi non plus ». Il y a toujours de quoi en rire. J’ai un petit faible pour les Valaisans. Ils ont un énorme crédit sympathie et surtout un accent que j’adore.

Comment décririez-vous la Suisse lorsque vous êtes à l’étranger ?
Je mets en avant sa mixité. C’est un pays qui fonctionne, qui bosse, fiable et où l’individu est mis en avant. Je parle beaucoup de son histoire de sa géographie, de sa nourriture notamment, de ses paysages et de ses langues.

Un dernier mot sur votre actualité et vos projets pour 2013.
La sortie de mon troisième one woman shoe « Puisque je vous le dis » où je me moque entre autres de l’administration fiscale cantonale, des CFF, des publicités suisses et de l’actualité 2012 qui se termine sur les chapeaux de roue. Je finirai pas « viendez voir mon spectacle ». Et la suite ce sera sur mon site internet.



OREILLERS VS TRAMPOLINE
 
Avec Roi fatigué cherche royaume pour vacances, la compagnie de danse 100% Acrylique, dirigée par Evelyne Castellino, invite les enfants dès 4 ans à découvrir un spectacle malicieux dans un décor aérien, constitué de plumes et de trampolines. L’histoire se déroule dans deux mondes que tout oppose. D’un côté, un roi plein d’énergie dirige un royaume d’une main de fer. De l’autre, une reine très zen et ses acolytes pantouflards passent leur temps emmitouflés dans de gros edredons. Mais tout bascule lorsque ces deux univers se rencontrent. Ce conte dansé traite du pouvoir réunificateur de l’amour et l’aptitude au bonheur. Des thématiques complexes racontées aux enfants dans le cadre d’un projet jeune public initié par L’Association pour la danse contemporaine (ADC).
 
Ce spectacle, d’après un texte de Jacky Viallon, raconte comment le roi Louis, hyperactif, épuise ses sujets. Son trône est un trampoline, et sa devis « Et que ça saute ! ». Enfin fatigué, il recherche un lieu où se ressourcer. Il trouve ce havre de paix chez les Gnans-gnans. Amandine, reine de ce pays dont les maîtres-mots sont calme et sérénité, décide d’échanger de royaume. Elle laisse à ses sujets la lourde tâche d’apaiser le dynamisme incessant du roi Louis pendant qu’elle s’en va découvrir le monde des Ressorts. La douceur des oreillers, le bonheur de la sieste et l’amour se chargeront à jamais de réconcilier ces deux mondes antinomiques.
 
Un univers enfantin
 
Dans Roi fatigué cherche royaume pour vacances, la danse retrouve une de ces qualités essentielles, l’émotion. Le texte se limite à l’extrême pour laisser un maximum de place au visuel. Les costumes et la scénographie reflètent à merveille la frontière qui scinde ces deux mondes. D’un côté, les tutus colorés pour illustrer l’univers électrique des Ressorts et d’un autre, frou-frous pastels et oreillers pour le royaume Gnan-gnan. Tout élément émotionnel passe par la danse. La gestuelle se veut ludique afin de correspondre aux codes enfantins.  « Vous pouvez vous permettre d’ennuyer les adultes, mais pas les enfants. Les tout-petits marchent toujours au même comique universel. » explique Evelyne Castellino, metteuse en scène du spectacle.
 
La chorégraphie, un art
 
Eveleyne Castellino a collaboré avec Nathalie Jaggi, chorégraphe associée pour mettre sur pied ce conte dansé. Un travail complexe et de longue haleine s’agissant d’un spectacle destiné à un très jeune public. « Les enfants aiment ce qui se répète. Il fallait donc inventer un langage où ils se retrouvent, où ils peuvent être tour à tour roi des Ressorts et reine de Gnan-gnan à travers des péripéties très visuelles », nous livre la metteuse en scène. La bande-son du spectacle illustre également cette opposition dans le but d’exciter l’imaginaire des enfants.
BOREAL COLORS
 
Corinne Mercier est tombée amoureuse de la couleur très jeune. Lasse de ne pas toujours pouvoir exprimer sa créativité sur les cheveux de ses clientes, elle a crée sa ligne de perruques, véritable exutoire électrique et extraordinaire. Elle vogue entre son salon de coloriste « Foxy Lady » à Biarritz et le Bal des Créateurs, à Genève, où ses chefs d’ouvres capillaires sont d’ailleurs commercialisés. Sa devise ? « Be Colorful ».
 
GO- Coloriste… Un métier quelque peu magique. Etait-ce une vocation ? un coup de foudre ? Pouvez-vous nous en dire plus ?
CM- Je baigne depuis toute petite dans l’univers de la coiffure. J’attendais souvent ma mère, qui était nettoyeuse, dans les salons. A l’âge de 15 ans environ, tous mes amis suivaient la mode « punk ». Je leur colorais les cheveux avec du bleu de méthylène, de l’éosine. J’achetais de l’eau oxygénée et je fabriquais mes couleurs « maison « . J’ai su, à ce moment là que j’allais rentrer en coiffure pour colorer les cheveux.
 
Vous avez imaginé votre propre ligne de perruques. Comment en êtes-vous arrivée à la créer ?
J’ai commencé à m’exprimer sur les perruques car je ne pouvais pas forcément le faire sur mes clientes. Mes idées étaient uniquement retranscrites sur papier. Je me suis rendue compte que ça plaisait, du coup je ne m’arrête plus.
 
Où trouvez-vous l’inspiration pour créer des perruques ?
En observant les animaux. Je photographie des pelages, des fourrures, des plumages. Je vais aussi chercher énormément de couleurs dans la nature. En ce moment, je m’inspire beaucoup des aurores boréales.
 
Depuis septembre 2012 vous êtes officiellement Redken Artist. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
J’ai été choisie car je suis une des seules en France à avoir un lieu où l’on fait uniquement de la couleur. Je représente la marque et fait partie des vingt artistes Redken en France. Je suis plus que ravie car c’est, à mes yeux, le numéro un mondial, technologiquement, scientifiquement.
SUPER NANA
 
Révelée en 2010 avec son premier spectacle « Gina », l’artiste multitalents Eugénie Rebetez remonte sur la scène genevoise du 13 au 24 mars. Sa deuxième création, « Encore », fait écho au premier tableau où déjà, la danseuse et chorégraphe d’origine jurassienne montrait l’amplitude de ses talents. Habitée par le personnage de Gina, une prolongatin fantasque d’elle-même, elle illustre en chant, danse et humour, une mosaïque de petites histoires qui font l’existence de son double et de ses rêves de diva. Rendez-vous à l’Association pour la danse contemporaine (ADC) avec cette douce schizophrènie.
 
Eugénie Rebetez est capable de tous les écarts. Le culot de l’ariste, aussi appelée « fat diva » n’a d’égal que son envie d’étonner son public en allant toujours plus loin dans la farce. « Chaque fois que je suis sur scène, c’est comme si je jouais avec ma propre vie. Je mens avec beaucoup de sincérité. J’aime faire rêver les gens. Je veux aller à l’Olympia de Paris, puis à Las Vegas, avec Céline Dion en première partie », s’amuse-t-elle.
 
Starlerre O’Hara
 
Une fois le rideau levé, Eugénie Rebetez se transforme en « Gina », une madame-tout-le-monde qui se rêve en starlette et s’imagine au sommet de l’affiche. Selon l’artiste, « Gina est arrivée petit à petit, elle chute, elle se relève » elle est un « prolongement » de sa propre fantaisie. En simple robe noire moulante comme tenue de scène, la danseuse totalement décomplexée emplit l’espace de son corps voluptueux, de sa voix et de ses mouvements vertigineux. Seuls quelques objets servent de décor et illustrent l’ascension du personnage vers la gloire. « Je m’entoure de quelques éléments qui font référence au monde des stars et aux plateaux de télévision. Mon costume est une robe noire, une seconde peau, qui me permet de me transformer selon les situations », explique-t-elle. Perçue comme un OVNI dans le monde de la danse, elle déclare avoir elle-même de la difficulté à nommer ce qu’elle crée.
 
Fattitude
 
Eugénie Rebetez s’inspire de tout ce qu’elle voit et entend au fil des jours. Un événement anodin déclenche l’élaboration de ses compositions musico-chorégraphiques. L’humour fait partie intégrante de ce monde qu’elle a imaginé autour de cette diva naufragée. « C’est ce qui me permet d’ouvrir la porte au public pour pénétrer mon univers » déclare-t-elle.
 
Rareté de mots
 
Drôle oui, mais bavarde, non. Gina parle peu. Les mots s’annulent, faisant place aux mouvements corporels et aux songes lointains, parfois ponctuées de « ben oui, ben non » comme un retour à son village natal, Mervelier, dans le Jura. Une esthétique proche des créations de Zimmermann & de Perrot, un duo de renom avec qui elle a travaillé. « Je suis la fille qui parle avec son corps mais j’aime aussi ouvrir ma gueule » chantone-t-elle en pianotant sur son clavier Roland, instrument qui l’accompagne tout au long du spectacle. Mais la danseuse sait mesurer ses effets, jamais rien de trop long ou de trop court. Une justesse sans faille.
 
En coulisse, avant de glisser dans la peau de Gina et de ses rêves pailletés, Eugénie Rebetez se replonge dans ses souvenirs d’enfance candide. « Je redeviens fraîche et naïve, c’est cet état qui me permet d’être vraie sur scène », confie-t-elle. Un instant serein avant le grand boom.
FUNK FOOD
 
Le burger. Le genre de plaisir qu’on jure en public de ne jamais pratiquer avant de sauter dessus, à la première occase, derrière la porte du frigo vite fait, bien fait, en cachette et à plein goulot. Quitte à glisser dans pareille aventure calorique, autant se planquer au Pauly’s, chez Inglewood ou à The Hamburger Foundation. Trois lieux chez qui le burger tient la dragée haute et qui ont su nous séduire par l’ingrédient secret qui fait toute la différence. Sans lui, la mâchoire s’affaisse, la volupté s’avachit- On craque pour ces spécimens aussi classiques qu’insolites, toujours préparés avec des ingrédients de cru et accompagnés de ses fameuses frites plaquées or dans ses trois sanctuaires du burger qu’on vous recommande de tester dare-dare.
SHALL WE DANCE?
 
Trois jours pour mettre en avant un art vivant et expressif. Voilà le défi de la Fête de la Danse, prévue du 3 au 5 mai, avec tous les styles convoqués : de la valse au tango, en passant par le breakdance et la danse contemporaine. L’événement regroupe chaque année plus de 50'000 personnes dans 25 villes et communes de Suisse romande, alémanique, italienne et de France voisine. Une invitation à découvrir une discipline protéiforme.
 
Original & décalé
 
Fort de son succès, la manifestation a pris de l’ampleur avec les années. La programmation s’enrichit en ajoutant des formats parfois déroutants. Ainsi, des cours de danse réservés aux hommes ont vu le jour, par exemple. Une manière de montrer à quel point cet univers n’est pas réservé à la gent féminine. Autre signe de l’envergure : les incontournables flashmobs, parfois vues et revues, seront-elles de la partie ? Dans certaines villes, les devantures de magasins se transformeront en vitrines animées. Ce multiple choix de représentations prouve tout « l’engouement pour la manifestation » selon l’organisme responsable de l’organisation de la Fête de la Danse, RESO. La structure détaille : « les spectacles culturels et le public toujours plus important démontrent qu’il existe un réel intérêt et une importante demande pour la discipline ». Une manière étonnante de confirmer à quel point cet art a « beaucoup de choses à dire », comme l’affirmait Maurice Béjart, célèbre chorégraphe très impliqué dans la démocratisation de cet art.
 
La danse, acte politique ?
 
La danse orientale fascine, avec des étoiles venues de Palestine, d’Israël ou du Liban qui voient le jour et deviennent des références internationales. Pourtant, un paradoxe subsiste. En Europe ou aux Etats-Unis, cette pratique attire nombre d’amateurs. Mais dans certains pays musulmans pourtant précurseurs de cette danse, comme l’Egypte, elle est interdite, jugée « indigne ». Beaucoup de professionnelles y sont contraintes d’exercer leur passion clandestinement. Le collectif tunisien « Art Solution » illustre ce combat. Il fait du corps un instrument de résistance. Face aux salafistes prônant un islam rigoriste, le groupe de danseurs défend la liberté d’expression. A la tête de ce collectif, le chorégraphe et cinéaste Bahri Ben Yahmed s’inquiète. Il affirme avoir peur que les salafistes les « enferment entre quatre murs », les « coupent du monde » après avoir vus leurs vidéos sur YouTube. « Nous sommes en confrontatiom directe avec eux » ajoute-t-il, « notre seule arme est l’art ». Le collectif se produira le vendredi 3 mai à la maison des arts du Grütli. Le public pourra ensuite rencontrer les artistes pour des discussions sur la danse et l’art comme arme politique.
 
Les premiers pas
 
La Fête de la Danse a débuté en 2006 à Zurich. A l’occasion de la Journée internationale de la Danse, divers théâtres et écoles de danse ont ouvert leurs portes au public afin de faire découvrir cet univers souvent relégué au second plan. Après huit années d’existence, la Fête poursuit toujours le même objectif : toucher le plus grand nombre et promouvoir la danse auprès de tous, amateurs et professionnels, d’un bout à l’autre du pays.
LIGHT ME UP!
 
A Genève, l’art dans l’espace public a fortement évolué depuis une dizaine d’années, une manière pour la création d’investir le quotidien et de sortir des institutions muséales. Un exemple, « Neon Parallax », l’important projet d’art urbain mis sur pied par le Fonds municipal et cantonal d’art contemporain de Genève (FMAC et FCAC) depuis 2006. Neufs installations coiffent les toits de des bâtiments de la plaine de Plainpalais, à l’image des enseignes horlogères et bancaires de la rade. Véritable dispositif artistique, trois nouvelles œuvres illuminées se sont ajoutées aux six premières, en 2012.
 
Publicité à part
 
L’art public a changé au cours de ces dix dernières années à Genève : au départ, caractérisé par des statues et des monuments – les sphinx devant la gare Cornavin- il revient aujourd’hui sous une forme autre, un nouveau jour. « Il n’y a pas longtemps, l’art en ville servait à décorer les bâtiments, avec des peintures murales, de la céramique ou des vitraux. Aujourd’hui, les artistes poursuivent les mêmes préoccupations que les architectes ou les politiques par rapport à l’espace public, qu’ils continuent à définir à travers leurs œuvres d’art », explique Michèle Freiburghaus, directrice du FMAC. Le projet « Neon Parallax » illustra bien ce changement de paradigme. Il est réflechi et conçu comme un « contrepoint artistique » aux publicités affichées sur le toit des immeubles qui longent les quais de la rade. Ces deux espaces urbains ont une configuration quasiment identique, en forme de losange.
 
Idées illuminées
 
Mélange d’artistes suisses et internationaux, « Neon Parallax » ajoute donc à sa collection de néons trois nouvelles installations hissées sur la périphérie de la plaine de Plainpalais. Signées par la Belge Ann Veronica Janssens, le Français Pierre Bismuth et le Genevois Christian Robert-Tissot, leurs démarches se ressemblent, pas leurs messages. L’artiste belge et son œuvre « L’ODRRE N’A PAS D’IPMROTNCAE » rebondit sur la fameuse recherche de l’Université de Cambridge selon laquelle l’ordre des mots dans une phrase n’a pas d’influence sur la lecture tant que la première et la dernière lettre sont à la bonne place. Le travail de Pierre Bismuth nous éclaire d’un « Coming Soon ! », référence aux bandes-annonces des films et joue sur l’attente et le désir du spectateur.
L’installation de Christian Robert-Tissot, « DIMANCHE », visible sur le toit de la banque Lombard Odier résonne « comme une injonction à la pause », selon l’artiste.
 
La frontière entre visible et invisible se retrouve ici amoindrie. Evidentes la nuit, les neufs installations de « Neon Parallax » ont un côté insaisissables le jour. « Petit à petit, le monument s’est transformé en événement, qui procède par infiltration et peut être éphémère, voire invisible – c’est le cas des néons de Plainpalais, qu’on ne voit pratiquement pas le jour », remarque Véronique Mauron, historienne de l’art et collaboratrice scientifique au laboratoire interdisciplinaire Chôros de l’EPFL, spécialisé dans la réflexion autour de l’homme et de son espace.
 
Accessible, porteur d’émotions positives, présent dans l’espace public, l’installation sert aussi à renouveler notre regard sur la ville. En ce sens, « avec sa manière de détourner les messages publicitaires, Neon Parallax permet de produire un autre sens », conclut Diane Deval, directrice du Fonds Cantonal d’art contemporain (FCAC). A voir et revoir sans horaires, ni contraintes, de préférence la nuit.
AUX FRONTIERES DU REEL
 
D’un loisir réservé à quelques initiés un peu geeks, le jeu vidéo est devenu en 40 ans une véritable industrie grand public, très rentable. Pourtant, il reste peu présent dans le discours artistique. Du 9 au 14 avril, la pièce de théâtre PLAY illustre ce clivage. Dans le divertissement,  le jeu vidéo est devenu plus lucratif que le cinéma et finit par forger lui aussi le paysage culturel. Les artistes s’inspirent de ce cosmos de pixels animés. PLAY, véritable création entre jeu, spectacle et danse, s’inscrit dans cette lignée.
 
Gestuelle irréelle de PLAY
 
Sa construction chorégraphique se base sur un principe simple : l’interaction. Les deux interprètes dépendent du monde virtuel qui défile derrière eux, Le possible et l’impossible se rencontrent, liés par un ensemble de mouvements dans le jeu, tant sur l’écran que sur la scène. Une relation étrange s’installe entre le danseur et son avatar. Les déplacements de l’acteur et la vitesse de ses exécutions sont retranscrits sur le personnage animé. Un enchaînement de situations imprévues en découle et la dramaturgie de la pièce se construit.
 
Le spectacle se réécrit à chaque interprétation, au fur et à mesure de l’évolution des danseurs et de leurs personnages fictifs. Les règles du jeu se compliquent, le décor se mue, l’espace se transforme. Entre échecs et victoires, rages et difficultés, les joueurs passent d’un monde à l’autre. L’histoire se dessine petit à petit, comme les pièces d’un puzzle qui s’emboîteraient les unes après les autres. Témoin d’un échange immuable entre réalisme et abstraction, le spectateur se crée ses propres interprétations face à ce jeu fantastique.
 
Trio de brio
 
Deux danseurs et un musicien sont à la base du projet. Le DJ et producteur genevois POL endosse le rôle de chef d’orchestre. Auteur de musiques électroniques depuis les années 90, il impose un style à la pièce en créant une ambiance électrique proche de l’univers du jeu vidéo. Habitué à travailler seul, il collabore exceptionnellement sur ce projet avec deux maîtres du spectacle.
 
Le porteur du projet et interprète Louis-Clément Da Costa a fondé le collectif Speedbattles en 2011. Il a réuni graphistes, motion designers, danseurs et musiciens pour promouvoir la danse contemporaine. Une idée partagée avec PLAY et cette envie commune de faire découvrir un univers peu connu au grand public. Jou, chorégraphe japonaise approche la danse de manière différente. Artiste à part entière, elle se voue à la recherche. Elle utilise ses mouvements pour montrer tous les sens portés par le corps.
 
Trio déchaîné, POL , Louis-Clément Da Costa et Jou, réinventent les genres avec PLAY. Un spectacle extra-terrestre, chimérique.
Go Out! Mag
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Go Out! Mag

These are some of the articles I wrote during my work at Go Out! Mag, a geneva based cultural magazine.

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