Prendre son doudou dans les bras, le humer. Suçoter le bout de son nez, son oreille, caresser l'étiquette jusqu'à ce qu'elle ne soit plus que quelques fils. Demander à maman de remettre un peu de parfum dessus. Le faire virevolter au- dessus de sa tête pour se la vider avant de s'endormir. Lui susurrer un secret dans l'oreille.

J'ai Merlin, il a 8 ans, et il a un doudou ou plutôt il a Son Doudou. Il dort avec, en lui caressant une oreille tout en suçant son pouce. Il est tellement chou mon fils avec son doudou. Cette relation privilégiée qu'il entretient avec ce doudou, ce rapport étroit et singulier, presque exclusif parfois, étrange vu de l'extérieur, est devenu le départ de mon envie photographique.

Alors pour démarrer le projet, je sollicite la famille, les amis, le réseau, des inconnus. Un peu déconcertée, ce sont des adultes qui répondent présents en premier. Et puis je rencontre des gens, enfants et adultes qui ont un doudou. Je découvre au fur et à mesure de ces rencontres un rapport complexe et doux, ambigu et indéfectible entre objet et humain. Le doudou a souvent un prénom, on lui parle comme à une personne de chair et d'âme, on le câline, on le prend à parti, on le promène partout.

Pour certains, il a été ressorti du placard, pas loin là, dans la chambre. "Comment je le tenais ? Je ne sais plus très bien mais je pense que je le serrais fort contre moi, comme ça."

Les séances sont rapides, pas besoin de s'éterniser à chercher des poses quand il retrouvent sans réfléchir le lien qui les attache à leur doudou. Les mots échangés sont doux et joyeux, parfois un peu mélancoliques.

Et vous, vous le pren(i)ez comment votre doudou ?