Yann Boulan Tiehoue's profile

compte rendu saison 1 SENSE8


Sense8 est une série télévisée de science-fiction américaine diffusée entre 2015 et 2018, créée par Joseph Michael Straczynski ainsi que le duo de cinéastes Lana et Lilly Wachowski, sur la plateforme internet de Netflix. La série est en partie produite par les sociétés de leurs créateurs, les studios JMS de Joseph Michael Straczynski et Anarchos Productions société par laquelle les Wachowski produisent tous leurs projets depuis V for Vendetta. D’autres compagnies tel que Unpronounceable Productions et Javelin Productions tout deux crées dans le cadre de la supervision du projet ainsi que Georgeville Television spécialisé dans l’accompagnement de séries télévisés produites pour les majors américaines, diffusés par câble ou sur les plateformes internet interviennent également dans le processus de production. Il s’agit du dernier projet en date des Wachowski, acteurs incontournables de l’industrie cinématographie de ces 20 dernières années, qui se confrontent pour la première fois via Sense8 au format télévisuel en tant que coréalisateurs avec 3 autres partenaires,  concepteurs, coproducteurs et coscénaristes.
Il s’agira ici via cette étude d’analyser comment s’est opérait la transition pour eux, nous nous demanderons quelle place occupent-ils concrètement sur cette série par rapport aux projets cinématographiques qu’ils ont pu réaliser et/ou écrire et/ou produire ? Mais également qu’elles sont les nouvelles contraintes ou aux contraire libertés que ce nouveau support leur offre ? Ce qui nous amènera à nous questionner sur l’intérêt que présente la série pour ces cinéastes ? Dans quelles mesures les grandes thématiques de leur œuvre ainsi que leur esthétiques se voient en un sens prolongé, entretenue mais témoigne aussi d’un renouveau, d’une réinvention ?
Mais avant tous qui sont les Wachowski ?

Lana et Lilly Wachowski sont deux sœurs réalisatrices de cinéma américaines, nées respectivement Laurence et Andrew (avant de subir chacun une Vaginoplastie) le 21 juin 1965 et le 29 décembre 1967 à Chicago. Après des débuts prometteurs en tant qu’écrivains de comics pour Marvel Comics RazorLine, Epic comics et la saga Clive Barker’s Nightbreed, où ils travaillent d’ores et déjà à la création d’univers fantastiques particulièrement empreints de culture pop américaine qui les fascinent et contribuera grandement à constituer le style visuel, esthétique de leur cinéma et nourrira grandement les thématiques de leur films. Ils se lancent au milieu des années 1990 à la scénarisation de longs métrages, travaillant notamment sur le script du film Assassin de Richard Donner sorti en 1995 dont ils renieront par la suite leur rattachement à l’œuvre, l’intrigue ayant été largement dénaturé par plusieurs réécritures de Brian Helgeland. Pour autant le film est déjà révélateur de nombreux archétypes de personnages assez propres à l’univers de Wachowski qui vont traverser leur cinéma tel qu’une pirate informatique, des personnages de gangsters également ainsi qu’en matière de récit avec une intrigue basée sur l’action soulignée par de nombreuses scènes de fusillade notamment. Mais c’est véritablement en 1996 avec la sortie de Bound qui marque leur première expérience en tant que réalisateurs que les Wachowski vont se distinguer dans le paysage cinématographique hollywoodien, en effet ce film qui marque leur premiers pas derrière la caméra témoigne d’entrée du regard singulier de leurs auteurs, qui se réapproprient les codes du polard et du film-noir, avec une mise en scène très maitrisé et assez innovante en terme d’utilisation de l’espace, de mise en image de filiations, liens intangibles entre personnages (comme l’évoque le titre en lui-même, l’idée de filiation sera par la suite explorée dans toute leur œuvre y compris Sense8) et par un montage assez riche (nous reviendrons par la suite plus spécifiquement sur ces procédés que l’on retrouve sur la série qui nous intéresse ici) et qui a également introduit une nouvelle approche des personnages homosexuels dans le cinéma hollywoodien, les inscrivant dans une perspective où le thème même de l’homosexualité n’est pas le centre du sujet (nous reviendrons également sur cette démarche et comment sense8 apporte une nouvelle dimension à ces questionnements), créant presque un genre à part entière, certaine critique comme Daphné Roulier parlant  de « thriller lesbien » par exemple .

 Par la suite depuis le début des années 2000, les wachowski vont avant tout s’intéresser à la science-fiction avec leur trilogie phare The Matrix (1999, 2003,2003) qui une nouvelle fois apparait être une saga particulièrement novatrice en terme esthétique notamment via l’exploitation d’images arrêtées (utilisant en simultanée des centaines d’appareil photographiques, permettant de créer à partir de sources immobile des scènes arrêtées à 360 degrés),par  la mobilisation de références cinéphiliques qu’ils renouvellent, en particulier le style de John woo et le cinéma de gangster hongkongais mais aussi le chanbara, ou encore par l’utilisation du slow motion assez inhérente à leur œuvre qui a également contribuer à renouveler le langage propre au film d’action. En termes d’enjeux scénaristique Les Wachowski utilisent le vecteur de la science-fiction pour évoquer les grandes thématiques propres au genre tel que l’usage des nouvelles technologies (trame cyberpunk) et l’oppression d’état mais vont également s’attarder sur des thèmes moins spécifiquement raccordés au genre notamment de nombreuses réflexions sur la condition humaine, l’idée de communauté, avec une veine philosophique peu communes, enjeux rénovés également dans Sense8. On peut évoquer également Cloud Atlas (2012) d’après le roman de David Mitchell, qui se construit sur un montage parallèle reliant le destin de plusieurs personnages à travers différentes époques et différents espaces géographiques, reliés qui plus est par le fait que les mêmes acteurs incarnent selon l’époque et l’intrigue développée des personnages différents. Certains des concepts déployés dans ce film vont être réemployés et poussés à leur paroxysme dans la série. On peut relever également quelques mois avant la diffusion de Sense8 sur la plateforme de Netflix en juin 2015, la sortie de leur dernier long métrage Jupiter Ascending ainsi que le film V for Vendetta datant de 2006 qu’ils ont écrit et  produit  qui une nouvelle fois vont nous intéresser dans la perspective de comprendre comment les Wachowski en s’appuyant pour la première fois sur le modèle de la série télévisée ont pu réemployés les codes de leur œuvre, l’inscrivant ainsi dans une certaine continuité mais également en un sens les rénover, ce nouveau support favorisant de nouvelles approches sur des thématiques qui traversent leur cinéma mais vont être reconsidérer sous un jour nouveau. Au total  elles ont réalisé 7 longs-métrages en y ajoutant Speed Racer sorti en 2008 (basé sur le manga japonais éponyme) en 19 ans de carriére. Ils ont également produit sans les réaliser 4 autres  long-métrages dont The animatrix (long métrages construits sur plusieurs animés autour de l’univers de Matrix dont ils ont écrit 4 intrigues sur 9), V for Vendetta précédemment évoqué, un documentaire autour de the Matrix intitulé The Matrix revisited ainsi que Ninja Assassin qui marque leur première collaboration avec J. Michael Straczynski co créateur de Sense8 qui officiait sur ce film en tant que scénariste.

Après ce retour succinct sur le travail des Wachowski, il apparait essentiel de présenter plus amplement la série en elle-même, dernière création en date des cinéastes en tentant d’en donner un aperçu global: Sense8 met en scène 8 protagonistes principaux de différentes origine, qui ne se connaissent pas et habitent dans des régions éparses à travers le globe : Will un policier américain de Chicago, Sun Bak coréenne fille d’un homme d’affaire pour qui elle travaille à Seoul, Tino Rodriguez acteur de telenovela mexicain d’origine espagnol vivant à Mexico, Nomi Marks femme trans américaine bloggeuse à San Francisco, Capheus conducteur de bus kenyan à Nairobi, Kala indienne pharmacienne à Mumbai, Wolfgang un cambrioleur allemand vivant à Berlin et Riley une DJ islandaise vivant à Londres. Ces 8 personnages aux préoccupations différentes et devant faire face à des troubles qui leurs sont propres ne semblent liés que par la date de naissance étant tous nés le même jour de la même année et ayant vu le jour simultanément. Au début de la série chaque personnage effectue le même rêve où il voie une femme se donner la mort dans les ruines d’une église. Dés lors des liens mystiques semblent se nouer entre ces personnages qui commencent à partager mutuellement leur conscience, leurs sensations, état-d ‘esprit et sont à même de se retrouver directement en contact interagissant dans le même espace où se trouve le personnage « visité » rejoint alors par le personnage dit « visiteur ». Au départ ces interactions se nouent de façon totalement inconsciente, mais progressivement les personnages en viennent à s’entraider dans les différentes épreuves individuelles que chacun traverse (nous reviendrons par la suite sur ces différentes épreuves assez symptomatiques des enjeux récurrents mis en avant dans la filmographie des Wachowski), allant même jusqu’à développer des relations d’ordre assez intimes avec 2 intrigues amoureuses (Will avec Riley et Wolfgang avec Kala). Les protagonistes découvrent via un autre personnage Jonas Maliki lui-même doté de ces mêmes capacités et lui aussi présent dans le rêve qui initie la trame de la série , qu’ils appartiennent en fait à un genre d’humains particulier semblant différé légèrement génétiquement de la norme ce qui leur confère ces possibilités de liaisons (la question sur l’appartenance ou non au genre humain est par ailleurs soulevé par Will lors de l’une de ses rencontres avec Jonas, mais sa réponse demeure évasif, problématique identitaire sur laquelle nous nous pencherons également). Ce sous-groupe « mutant » est composé de sensates (que l’on pourrait traduire grossièrement par  « être sensibles », « être de sensation ») et fait l’objet de nombreuses convoitises, leur origine étant encore incomprise et la révélation de leur existence pouvant avoir des répercussions assez imprévisibles, une société, financé par des organismes internationaux le bureau pour la préservation des organisme (BPO) lui-même dirigé par un sensate appelé whispers les traque afin de les livrer à divers expérimentations dont la finalité s’avére encore mystérieuse, Les 8 sensate unissent ainsi leur force, chacun apportant ses aptitude aux groupes et ceux malgré la distance afin de combattre cet ennemi commun et récupérer Riley qui a été enlever.
                      
Ceci ne résume que l’intrigue principale de la série, nous verrons que cette quête principale, s’avère loin d’être la dimension la plus explorée beaucoup de questions restant en suspens à ce niveau-là.  En effet bien que cette trame serve de fil rouge recentrant par instance la série en particulier sur les derniers épisodes c’est davantage les intrigues secondaires relatives aux problèmes que rencontrent chacun des personnages et l’idée même de filiation entre individus issus de cultures, de milieu sociaux différents ayant ainsi un rapport au monde assez différent qui vont constituer davantage le terrain d’investigation de la série et de ces auteurs. Avant de revenir sur ces problématiques nous allons dans un 1er temps tenter de montrer comment s’est constitué le projet des Wachowski, de ces fondements avec la naissance du concept à la phase d’écriture qui n’intervient que plusieurs années plus tard, le contexte de production et de tournage, les personnes engagés sur le projet, leur place et comment ils s’inscrivent face aux wachowski,  ce qui nous permettra d’avoir un meilleur aperçu du rôle qu’occupe alors les 2 cinéastes et de comprendre dans quelle mesure il leur appartient mais en un sens leur échappe également.

                   Sense8 est une série à 2 entités, en effet le projet émane de 2 sources créatrices distinctes ayant élaboré le concept du projet et ayant également permis de lui donner une ossature, une structure, le duo de cinéaste ne comptant que pour une seule de ces entités, dans la mesure où ils ont toujours travaillé à quatre mains, ainsi un autre hommes tient ici une place prépondérante dans l’élaboration de la série, à savoir Joseph Michael Straczynski. Straczynki est avant tout connu comme créateur et scénariste de la série Babylon 5, diffusé dans les années 1990 aux Etats-Unis, sur 5 saisons. Il s’agissait déjà d’une série de science-fiction, constituant à l’époque la principale concurrente à la référence Star trek. On peut relever que la série traitait de différends pouvant subvenir entre des races et des peuples issus de divers horizons à travers l’espace. La série nous amené à suivre via son personnage principal qui commandait une station spatiale située en zone neutre, une quête mené par une communauté galactique (la ligue des mondes non alignés) afin d’instaurer une paix durable) à travers l’univers. La référence au contexte géopolitique de la guerre froide semble assez clairement mobilisée mais ce qui s’avère intéressant c’est que cette trame semble également rentrer en résonnance avec celle développée plus de 20 ans plus tard dans Sense8, en particulier l’idée d’un groupe se forgeant à partir d’individus qui ne semblent rien avoir en commun mais que le destin va pourtant unir et leur fixer un intérêt commun, avec notamment la lutte contre un même ennemi, la race des ombres qui sème la discorde dans Babylon 5 supplée par le BPO dans Sense8. Ainsi on pourrait être amené à penser que cet aspect de collaboration avec une autre figure majeure en matière d’écriture de science-fiction pour des supports audiovisuels serait un frein à l’expression des Wachowski. Pour autant, il est intéressant de constater que c’est davantage l’inverse qui s’opère : Avant tout parce que ce projet est né d’une rencontre, les Wachowski n’ont pas été amener à faire appel à Straczynski pour donner forme à ce projet qu’ils avaient en tête, mais c’est bien d’un échange qu’est né la conceptualisation de la série, le développement de l’intrigue, les deux parties apportant leur regard dans la perspective d’agrémenter cette univers et vont finalement amener chacun à explorer des pistes nouvelles ou reconsidérer leurs approches. La volonté de Straszynski de faire de la série une réflexion d’ordre sociétale, en se demandant comment un individu d’une société donnée réagirait par rapport à un autre dans ce contexte de partage de conscience, et d’illustrer comment cette démarche révélerait des disparités d’ordre culturel mais également témoignerait d’une certain lignage entre les peuples mettant en avant l’union, l’universalité de L’Homme a quelque part emmené les Wachowski à y introduire de façon bien plus explicite que jusqu’à présent dans leur cinéma des problématiques qui leur sont plus intimes liés à la diversité humaine et comment elle est perçu : en particulier le thème de l’homosexualité et des transgenre ou encore la religion donnant à l’œuvre une dimension  sociale jamais aussi clairement explicitée dans leur films.   D’ autre part  Straczynski a de façon plus générale un univers assez proche de celui des Wachowski et est habité par certaines préoccupations, il est imprégné de l’univers des comics à l’instar des Wachowski, il s’est d’ailleurs recentré sur ce domaine après Babylon 5 avant de passer de plus en plus à l’écriture de longs métrages,  il se questionne notamment sur l’évolution des nouvelles technologies ayant ici grandement inspiré la série en particulier les nouveaux moyens de communications (skype…) et les rejoint également sur des réflexions associé aux dynamiques de groupes, une nouvelle fois inhérentes au cinéma des Wachowski ( la communauté d’élus, d’êtres à part luttant en secret faisant partie intégrante des thématiques qu’ils développent). D’autres part également parce que Straczynski va enrichir le travail des Wachowski en apportant son expérience acquise sur la construction des séries dont ne disposent pas le duo de cinéastes, mais va aussi non sans nous rappeler la collaboration de Mark Frost et David Lynch sur Twin Peaks, apporter plus de limpidité et de structures aux idées des Wachowski les rendant plus accessible et encré dans un agencement cohérents. En effet la collaboration avec Straczynski induit pour les Wachowski avant tous la confrontation à d’autres méthodes d’écritures qui vont au final se compléter. Stracsynski revient dans une interview sur cette écriture collaborative qui s’est avéré être un moyen de combler les lacunes de chacun, reconnaissant que l'action et l'intrigue sont les plus grandes forces des Wachowski mais la structure apparait être leur faiblesse. Tandis que lui  voit sa force davantage du côté de la structure et moins sur l'action.  Straczynski   travaille avant tout sur ces projets au développement du script complet, de la première phrase à la dernière, avant de commencer l'écrire,  les Wachowskis quant à eux commencent par écrire les scènes dès qu'ils ont déjà conceptualisés, laissant le reste en suspens, ils vont aussi être amené lors du processus d’écriture à déplacer les scénes afin d’expérimenter comment elles pourraient le mieux fonctionner. La scénarisation de la série a était faite de façon à ce que chacun puisse revenir sur le travail de l’autre : L'écriture initiale de la première saison étant divisée : Les Wachowski écrivirent les épisodes 1, 2, 3, 7, 8 et Straczynski écrivit les épisodes 4, 5, 6, 9 et 10 (à noter que la série fait au final 12 épisodes, nous reviendront plus tard sur cette différence par rapport à la construction initiale qui est assez révélatrice du fait que les Wachowski sont encore des nouveaux venu dans le secteur télévisuel). Puis les Wachowski réécrivirent les scripts de Straczynski et vice-versa. Cette démarche semble avoir permis à la série de toucher un publique plus large   que les œuvres précédentes des Wachowski qui ont n’ont pas reçu un accueil unanime, rejeté par une partie du publique, le duo de cinéastes semblait sur une courbe descendante depuis le triomphe de The matrix avec des films destinés plus à un publique d’initiés, critiqué pour les incohérences et la sophistication de leur intrigues en particulier sur Cloud Atlas ou d’une autre façon sur Jupiter Ascending ( qui se voulait plus un hommage à la science-fiction en général et s’adressait à un publique de puristes, donnant à voir une sorte de serie B totalement préparée et assumée bien que s’appuyant sur des effets spéciaux assez recherchés). Sense8 semble être l’œuvre qui fait consensus et bien que s’inscrivant dans la continuité de films précédents en particulier Cloud Atlas qui s’en approche en termes de montage et dans les thématiques explorés en toile de fond (liens mystiques entre individus à travers le monde…), elle semble plus facile à aborder et moins abstraite, en ça jaillit l’influence de Straczynski.



Les Wachowski et Straczynski sont en fait amis et avaient déjà étaient amené à travailler ensemble, sur un projet précédent produit par les Wachowski le film sorti en 2009 Ninja Assassin, à l’époque ils lui avaient demandé de remanier le scénario du film quelques semaines avant le début du tournage. Lorsque les  Wachowski ont commencé à avoir l’ambition de faire une série ils ont fait à nouveau faire appel à Straczynski afin de bénéficier de son expérience en la matière. Ils se sont rapidement entendus sur l’idée d’axer leurs recherches autour de la question: comment la technologie nous unit et nous divise ? Après plusieurs jours de conversations ils développent le concept de la série mais la difficulté à trouver des financeurs et un diffuseur les freine dans leur ambition au départ, la plus part étant rebutés par son concept intriguant et les contraintes pécuniaires et logistique qu’ induit un tel projet d’envergure international avec des tournages se déroulant sur quatre continents, dans 9 villes distinctes, ainsi de grandes chaines tel HBO ont rejeté le projet (connu pourtant pour promouvoir des projets ambitieux et accordant primauté à la dimension artistique et audacieuse d’une œuvre). Malgré tout déterminés à le mettre en place le trio met de côté Sense8. Il faudra attendre 2012 alors que les Wachowski viennent de tourner Cloud Atlas et la rencontre avec Netflix qui accepte de produire et diffuser la 1ere saison, en laissant carte blanche à ces créateurs, permettant à Straczynski de retrouver la liberté dont il jouissait sur Babylon 5 et qui lui a manqué par la suite et aux Wachowski d’explorer également un nouveau support (après le cinéma et les comics).
 Nous allons ici aborder la mise en place de ce projet dès lors que les accords ont été conclu et mettre en avant comment les Wachowski et Straczynski  qui au départ ne cherchaient qu’à développer un concept sans pour autant être sûr de vouloir s’investir pleinement dans son déroulement au quotidien, ont finalement du fait de l’enthousiasme qu’il suscitait en eux, assumé pleinement leur rôle de   « showrunner» (concepteur, scénérariste, superviseur de la série, orientant chacun de ces aspects) supervisant de façon très étroite son déroulement, les wachowski allant même jusqu’à s’impliquer dans la réalisation des épisodes dépassant le statut d’auteur concepteur, parfois directement en étant créditer directement sur 14 épisodes dont le pilote et l’épisode final, mais aussi de façon plus détourné sur des épisodes où ils ne sont pas officiellement crédités, en effet 2 autres cinéastes interviennent sur la série et vont être amené à réaliser plusieurs épisodes chacun  Tom Tykwer et James Mc Teigue ainsi qu’un troisiéme qui fait ces débuts en tant que réalisateur Dan Glass jusqu’à alors connu comme superviseur et producteur des effets visuels. Bien que les Wachowski ne réalisent pas les 5 épisodes réparties entre ces trois partenaires, on constate que la série s’inscrit malgré tout dans un ensemble assez cohérant, chaque épisode étant assez similaire en termes de mise en scène et assez imprégné des codes des Wachowski. On peut penser avoir affaire à une forme de « maniérisme » les réalisateurs semblant s’aligner sur l’esthétique et la mise en scènes déployés au regard des 3 premiers épisodes des Wachowski, mais également s’inscrire dans une certaine continuité en termes de dynamiques narratives, en particulier sur le montage. Ceci témoigne de l’empreinte des Wachowski sur la série, cette dernière étant imprégné par leur style mais peut-on réellement parler d’une sorte de standardisation de l’esthétique de la série s’appuyant exclusivement sur les codes relatifs au cinéma des Wachowski qui relèverait ainsi d’une sorte de mise en conformité basé sur un modèle unique ?  Ceci  nous amène à nous demander qui sont ces metteurs en scènes eux aussi impliqués dans son processus de réalisation et comment en sont –ils arriver à participer à sa confection  : Tom Tykwer réalisateur allemand principalement connu pour son film de 1998 Lola Rennt partageant de nombreux traits avec le cinéma des Wachowski, avec un travail plastique assez novateur dans la veine de Bound, un travail de post-production partageant également des points commun (tel que l’usage récurrent du slow motion, l’emploi de la musique techno et electro , le traitement de l’image en matière de contraste, lumiére..). A noter un rapprochement aussi en termes du traitement du personnage féminin entre ces deux films. Si bien que Tom Tykwer va par la suite être directement amené à collaborer avec les Wachowski, d’abord en tant que compositeur sur le dernier volet de Matrix, puis plus tard sur Cloud Atlas en tant que coproducteur, coréalisateur et coscénariste, sur un projet partageant donc de nombreux points communs avec Sense8 notamment sa dimension internationale (tourné là aussi dans 6 régions) et développant des intrigues semblant en un sens autonomes mais interférant par le montage de façon plus ou moins mystique. A l’époque le trio s’était réparti les différentes intrigues, par souci logistique tournant très rarement ensemble, donnant ainsi corps à un projet certes collectif mais avec malgré tout 2 équipes bien distinctes, Tykwer et son équipe tournant les trois intrigues se déroulant au XX eme siècle dans les années 30, 70 et 2010 tournées à Glasgow pour des scènes censés se dérouler à Londres et San Francisco ainsi qu’à Edinbourg tandis que les Wachowski tournent à Berlin, dans les Studios Babelsberg, ainsi qu'en Saxe et à Majorque des séquences censées se dérouler à Seoul, dans le pacifique et sur un archipel à l’emplacement indistinct. Cette répartition a nécessité au préalable un travail de cohésion et de planification assez important, le producteur Grant Hill rappelle à ce titre "Un an avant le début du tournage, nous avons réuni les chefs de poste des deux équipes pour un séminaire de quatre semaines à Berlin, afin de pouvoir travailler le scénario en profondeur", se fut alors également l’occasion pour le trio réalisateur d’établir une sorte de charte déterminant par l’aspect que devait prendre le film dans une optique d’obtenir un rendu relativement homogène, peaufinant le moindre détail en ce qui concerne la mise en scéne, Tykwer énonce à ce titre : « Chaque segment du film a été pensé en pré-production, nous avons ensuite travailler ensemble en étroite collaboration en post-production». C’est cette démarche qui va également être adopté sur Sense8, révélant que la mise en scène de la série n’est pas abordé dans la même veine que sur Alfred Hitchcock presents par exemple où il s’agissait pour les réalisateurs impliqués « de faire littéralement du Hitchcock » malgré quelques nuances plus personnels par instance mais bien d’une démarche collaborative ou au préalable du tournage vont être établi un certains nombres normes, de prescriptions (sur lesquels nous reviendrons) afin de donner une structure cohérente au projet. En effet bien que chaque épisode soit assimilé comme étant la réalisation d’un metteur en scène unique, la manière dont le tournage s’est en fait déroulé induit un processus que création bien plus complexe, en particulier du fait que contrairement à Cloud Atlas Les Wachowski et Straczynski accordaient une dimension primordiale au caractère authentique de la série, ainsi le tournage s’est déroulé sans exception dans les lieux où les scènes sont sensés se dérouler dans le scénario, Stracszynski évoquant même dans une interview que mêmes les fuseaux horaires entre les différentes parties du monde  où les protagonistes sont censé interagir simultanément d’un lieu à l’autre ont été pris en considération, il énonce : «Nous avons tourné tout le spectacle sur place: San Francisco, Chicago, Mexico, Londres, Islande, Berlin, Mumbai, Nairobi et Séoul. C'était un spectacle formidable. Nous voulions que ce soit authentique. Logiquement, c'était un cauchemar, mais cela l'a rendu plus réel. " Chaque épisode se construisant sur l’alternance entre les lieux et les personnages, il advient finalement que chacun de ces épisodes est en fait le fruit d’un travail collectif, où sont combinés séquences mises en scènes par différents réalisateurs : les wachowski tournant les séquences de Chicago, San Francisco, Londres et Reykjavik (la réalisation sur ces 2 deux derniers lieux devait au départ être pris en charge par Stracszynski qui les cédera finalement aux Wachowski en raison des nombreuses scénes d’actions impliqués), tykwer s’occupant quant à lui du tournage de Berlin (pays d’origine du réalisateur, dans une ville où il a notamment tourné Lola rennt )et Nairobi (où il avait également déjà travaillé en produisant le long-métrage Nairobi Half life).

 A noter que les deux autres réalisateurs impliqués dans le processus sont également eux même des collaborateur de longue date des Wachowski, le metteur en scène australien  James McTeigue ayant officié comme assistant réalisateur sur l’ensemble de la trilogie Matrix, son travail s’inscrit dans une certaine continuité avec le leur, ayant fait ces armes en les secondant, son style est particulièrement influencé par leur œuvre. C’est également bar le biais des Wachowski qu’il s’initie à la réalisation sur V for Vendetta d’après un scénario écrit par les Wachowski eux même qui produisent également le film, ils lui offriront par la suite la réalisation de Ninja Assassin qu’ils produisent et qui é été par ailleurs écrit comme évoqué plus haut par Stracszynski. Nous sommes donc face à des individus qui se connaissent, la série ne s’apparente pas totalement à un galop d’essai tant ces architectes semblent se compléter et s’inscrire dans une veine commune, ce qui assure sa cohésion McTeigue revient lui-même dans un entretien accordé au site Den of geek sur l’influence que les Wachowski ont pu exercer sur lui auxquels il mêle d’autres influences issue d’autres collaborations avec des grands noms du 7eme art : « les Wachowskis étaient trés généreux. Nous avons passé plusieurs années à travailler sur les films de Matrix, et ils ont dit, en ce qui concerne V? Que penses-tu de le réaliser? Nous produirons(…) je pense que c'était en soi une grande expérience(…) vous prenez un peu de chacun (…)  Petits morceaux qui deviennent une partie de ce que vous créez - que ce soit eux (sous-entendu les Wachowski) George Lucas ou Baz Luhrmann, ou d’autres personnes avec qui j'ai travaillé. Ils font tous les choses différemment, alors quand vous faites votre propre film, vous pensez, "Je vais prendre un peu de cela, et un peu de cela", c’est ce qui rend votre production créative ». Mcteigue a pris en charge sur le tournage la partie se déroulant à Mexico et Mumbai, le 4eme réalisateur est lui aussi un très ancien collaborateur des Wachwski qui fait contrairement aux autres ces premiers pas dans la réalisation, officiant jusqu’à alors comme superviseur des effets visuels ayant travaillé avec Terence Malik sur the tree of life notamment mais également sur une grande partie des projets des wachowski (les 2 derniers volets de Matrix, Jupiter ascending, cloud atlas et v for vendetta). Il a compte à lui dirigé la partie se déroulant à Séoul, il apparait également particulièrement au fait de la démarche des Wachowski et donc à même d’inscrire sa réalisation dans une veine commune. Plus qu’un maniérisme nous pouvons donc davantage parler d’une réalisation globale unissant des collaborateurs s’inscrivant dans une démarche et une vision commune. Par ailleurs on peut élargir ce constat à d’autres domaines de la production, en revenant sur Tykwer qui en collaboration avec Johnny klimek avait déjà composé la bande originale de Cloud Atlas va également signer la musique de la série. Klimek revient sur cette nouvelle collaboration avec les Wachowski soulignant l’idée d’un véritable travail associatif : « Il suffit souvent de faire une séance d'écriture folle d'une semaine. « C'est un processus très collaboratif, et il n'y a pas d'ego impliqué ». A noter que c’est par ailleurs ce duo de compositeur qui initie les Wachowski à l’idée de créer la musique avant même le tournage, concept auxquels ils adhérent et qu’ils poursuivent depuis Cloud Atlas.
  En ce qui concerne les techniciens le montage de la série est assuré par Joseph Jett Sally qui avait déjà travaillé sur le montage de Speed Racer et Ninja Assassin, les effets spéciaux assurés par Dan Glass, la ligne de conduite en matière de photographie est assuré par John Toll (nous mettrons en avant les choix qu’il a été amené à faire en s’appuyant sur les consignes des Wachowski afin de donner naissance à l’esthétique visuel de la série) crédité comme directeur de la photographie principal de la série, il a supervisé la conceptualisation de l’image sur les 9 projet et a directement travaillé au sein de l’équipe des Wachowski signant par là une nouvelle collaboration avec eux après Cloud Atlas et Jupiter Ascending. Le directeur de la photographie de l’équipe de Tykwer Frank Griebe avait également travaillé sur Cloud Atlas dans l’équipe de Tykwer. A noter enfin que le dessinateur de comics Steve Skroce, qui collabore avec les Wachowski  depuis Matrix a réalisé les story-boards de la série.
On peut souligner le fait que c’est finalement tout un microcosme issu du milieu cinématographique dans lequel ils ont su ensemble marqué leur empreinte qui se déporte ici vers la série. En somme les Wachowski, ce qui se ressent via l’équipe dont elles se sont entourés mais également par le rendu final de la série après tournage et post-production semblent ici avoir davantage cherché à adopter le médium télévisuel à leur cinéma que l’inverse, non sans les contraintes propres aux médiums que  nous serons amenées à explorer. Il s’agira ici d’analyser comment la série s’avère être un prolongement de leur cinéma tout d’abord du fait des thématiques et des problématiques  inhérentes à leur cinéma qu’elle soulève.



En premier lieu il advient de constater que Sense8 explore l’idée d’une communauté d’individus à part, un ensemble d’êtres distincts du commun de l’humanité qui vont être amener au départ à s’extirper de cette masse indistincte et appréhender progressivement le rôle qu’ils ont à jouer. Ces individus sont unis par le destin dans une quête quasi-anonyme, dont l’Homme de tous les jours ne soupçonne même pas l’existence. Cette communauté d’individu dont les membres vont être amenée à évoluer ensemble, affronter les difficultés dans une dynamique collective œuvrant dans l’ombre face à des forces elles-mêmes occultes, indiscernables pour la majorité de la population, menant ainsi un combat se faisant à l’insu du reste du monde et qui pourtant aurait une incidence sur lui est une approche en matière de personnage et de scénario assez récurrente chez les Wachowski. A ce titre les Wachowski semblent adopter via la série une forme d’alliage entre la manière dont cette communauté est représenté dans la trilogie  The Matrix et Cloud Atlas. En effet la série donne à voir un héros communautaire à l’instar de Cloud Atlas qui explore la quête de plusieurs personnages marqués par une sorte de tâche de naissance, leurs intrigues se déroulent à plusieurs époques différentes et les personnages n’interagissent jamais directement, pourtant des ponts s’opèrent par instance entre les récits et les personnages semblent bel et bien unis par le destin s’inscrivant toujours dans une certaine dualité, il s’agit de se dépasser et défendre le bien, faire jaillir une vérité camouflé (la journaliste incarné par Halle Berry dans l’intrigue se déroulant dans les années 60 révèle par exemple une machination des compagnies pétrolières). Le personnage de Doona Bae, Sonmi-451 dans Cloud Atlas toujours déclame notamment : « De la matrice à la tombe, les Hommes sont liés les uns aux autres, passé et présent(…) par chaque crime et chaque bonne action nous forgeons notre avenir ».    Sense8 s’inscrit dans cette veine par le développement de plusieurs intrigues en simultané et le fait que les personnages vont partager leur sentiments, se retrouver par la construction de la narration, en particulier via le montage à partager en simultané les mêmes ressentis, le même état d’esprit et par l’aspect de héros communautaire mais va contrairement Cloud Atlas amener les personnages à se savoir liés aux autres de façon bien plus explicite et unis dans une optique commune. L’idée d’entre aide, de quête collective se laissait entrevoir dans Cloud Atlas de façon assez implicite dans la manière dont les intrigues pouvaient se rejoindre (le personnage de Doona Bae par exemple dont le récit explore lui-même l’idée d’une communauté luttant face à l’oppression d’état est perçu comme une divinité par d’autres personnages dans une époque ultérieure qui vont s’inspirer de sa légende). Sense8 va à ce niveau-là se rapprocher de Matrix, où l’action était certes abordée en s’axant sur un personnage central Néo, mais qui mettait déjà en avant l’idée d’individus conscients de ne pas être délaissé devant solitairement affronter son destin. Nous pouvons ici nous référer à une des fractions de the animatrix (long métrage dont la forme pouvait déjà faire penser à un dispositif quasi sériel) écrit par les Wachowski  centré sur le personnage de Michael Karl Popper qui apparait également dans la trilogie qui se questionne à ce sujet : « suis-je seul », Neo sur son ordinateur lui répond : « tu n’es pas seul » (à ce titre V for vendetta avec la réplique final « qui était v ? » à quoi Nathalie Portman répond « il était nous tous » revient sur différemment sur cette approche). Des personnages ainsi hantés par des démons similaires, des questionnements ici sur la véracité du monde les entourant se retrouvent liés.
On retrouve dans Sense8 comme dans ces deux œuvres évoquées plus haut (si on prend la trilogie Matrix comme une œuvre unique) l’idée de la conscience qui échapperait au caractère palpable des corps et qui se matérialiserait dans un monde plus indicible, ce corps en lui-même ne serait plus qu’une enveloppe qui n’aurait plus aucune consistance, Cloud Atlas symbolise cette donnée par le fait que les même acteurs incarnent dans chaque intrigue à travers les époques des personnages différents. Matrix illustre également bien ce propos par le personnage de l’agent Smith qui  dans le second volet de la trilogie en vient à se dupliquer sa  conscience habitant ainsi plusieurs supports. Ce même Smith évoque par ailleurs le lien étrange la filiation s’étend développé entre lui et Neo « lié à la désobéissance». Ce qui nous amène à évoquer un autre questionnement assez récurent dans leur cinéma et qu’on retrouve dans la série, l’idée de renaissance et de destiné. Les personnages des Wachowski s’avèrent souvent être des personnes lambda dont la vie va soudain prendre une nouvelle tournure, l’identité de ces personnages apparait alors véritablement remise en cause. Tout se passe comme si une nouvelle personne se manifestait en eux, la nouvelle entité qui en jaillit se rend compte qu’elle a un rôle à jouer, une fonction à assumer. C’est notamment le cas dans Matrix (comme semble le suggérer les orifices à même la peau des personnages et derrière la nuque que l’on peut rapprocher de la tâche de naissance des personnages de Cloud Atlas et qui s’assimile à une ancienne connectique avec la matrice, sorte de cordon ombilicale) mais aussi dans Jupiter ascending où Jupiter jeune fille ordinaire, femme de ménage découvre qu’elle est une sorte de réincarnation d’une impératrice intergalactique.  Dans Sense8 cette thématique est également au cœur du récit via le personnage de Daryl Hannah qui au début de la série donne naissance à cette communauté (devenant la mère du groupe), insufflant un nouveau souffle de vie à ces personnages. Cette idée est ici évoquée de façon claire et formulée, le mot étant lui-même employé dans la série par le policier de Chicago. Une scène survient également dans l’épisode 10 de la première saison où les personnages se retrouvent tour à tour transporté dans une salle de concert où se trouve au départ  Riley, ils sont alors liés par la musique, intervient également à ce moment-là un montage parallèle qui donne à voir le moment de la venue au monde de chacun des personnages.  
Les personnages de l’univers des Wachowski vont souvent être amené à être confronter à la révélation d’un secret enfouit remettant en cause leur vision du monde, par ailleurs dans des circonstances, des situations où ils devraient au contraire s’avérer moins lucide : Nomi, la femme Trans et hackeuse de sense8 va ainsi avoir son premier contact direct avec Maliki, sorte de guide de cette communauté qui détient un certain nombre d’informations à même d’aiguiller leur quête alors qu’elle est dans le coma à l’Hôpital,  il en va de même dans Jupiter Ascending où Jupiter découvre des formes des formes d’ombres surnaturels et le personnage extraterrestre incarné par Chanung Tatum alors qu’elle est sous anesthésie à  l’hôpital, on pourrait aussi évoquer Matrix où Neo en s’évanouissant se retrouve dans la matrice, s’extirpant d’une sorte de long rêve éveillé apparaissant pour la première fois véritablement lucide sur la nature du monde. Il s’agit alors pour ces personnages d’assumer ce destin, de comprendre le rôle qu’ils ont à jouer : le personnage de Lito Rodriguez, l’acteur de telenovela en remettant en cause l’orientation que le réalisateur de son feuilleton veut le faire jouer introduit en somme cette donnée, il refuse la partition qu’il est censé jouer (c’est d’ailleurs à ce moment précis qu’il rentre pour la première fois en interaction avec un autre des sensate, basculant dans l’esprit et la position de Riley). Les personnages de Matrix s’inscrivent dans cette démarche en refusant finalement d’accepter de vivre leur vie dans le monde factice crée pour eux. Jupiter face aux mêmes questionnements va elle choisir de revenir au monde tel qu’elle le percevait avant sa renaissance. Ces idées sont abordés dans leur cinéma s’inscrivant dans une forme de lutte intérieure des personnages, entre assumer son rôle et se recroqueviller dans ce qu’il connait, Jupiter choisit de rentrer chez elle, un des personnages de Tom Hanks dans l’intrigue se déroulant dans un futur post-cataclysmique  hésite longuement avant de quitter sa terre natale dans Cloud Atlas, certains personnages de l’univers de Matrix choisissent de retourner dans la matrice. Riley incarne dans Sense8 cette lutte intérieure, elle se réfugie dans son Islande natale, où finalement va se jouer les scènes remettant en cause la cohésion et la survie du groupe, la premiére saison s’achève à ce titre sur une forme d’ultimatum où elle choisit finalement de ne pas se défiler assurant par-là la survie du groupe. Des personnages génériques apparaissent aussi dans l’univers des Wachowski guidant cette communauté qui se caractérise souvent par un déficit informationnel les empêchant d’atteindre, voire de comprendre les enjeux de leur quête : un personnage de mentor est alors souvent mis en avant, dans la série Maliki qui révéle progressivement aux personnages ce qu’ils sont et dans quoi ils sont impliqués. On peut le rapprocher du personnage de Chanung Tatum qui donne là aussi des clefs de compréhension à Jupiter ou encore Morpheus dans Matrix, mentor de Néo. Des personnages de second plan détenteur d’indices permettant l’avancée des personnages vont également couramment être invoqués : l’oracle de Matrix, la voyante de Cloud Atlas, dans Sense8 un autre personnage sensate également appartenant à un autre cercle qui rentre en contact avec Riley amène de nouveaux éléments permettant de mieux cerner la nature de ces personnages à part les amenant eux ainsi que le spectateur à mieux comprendre les données de l’univers crée, de plus  ces personnages introduisent de nouveaux enjeux bouleversant l’ordre établi, permettant de faire avancer l’intrigue ajoutant une touche de mystère : l’oracle de Matrix lui annonce à Neo qu’il devra choisir entre sa vie et celle de Morpheus, la nouvelle sensate les met en garde contre les intentions de Maliki alors  que l’on croyait véritable guide et allié de la communauté.
Les intrigues des Wachowski s’inscrivent dans une dualité, depuis Bound sont clairement identifié les personnages œuvrant pour le bien, défendant des valeurs tel l’amour et la liberté amené à lutter contre le mal, l’oppression, l’endoctrinement. Leurs films à l’instar de la série se développent souvent avec un arriére fond conspirationniste. Dans jupiter Acending tout comme dans Matrix il s’agit de maintenir la population dans une certaine illusion (Des batiments se reconstruisant l’air de rien dans Jupiter Ascending par exemple). De même V for vendetta confronte l’amour et la volonté de rébellion via le personnage de V et Evey (Nathalie Portman) contre un Etat totalitaire qui dissimule le secret d’expérimentations humaines tentés dans un orphelinat,  Cloud Atlas également à travers la construction de  Néo-Seoul ville ultra moderne camouflant le Seoul d’origine dévasté. On retrouve dans Sense8 cette même dualité entre cette communauté formée d’individus symbolisant la lutte pour le bien (le personnage du policier en particulier), l’union des peuples, des valeurs attachés à la famille, l’amitié, l’amour (des relations amoureuses se liant entre certains personnages) et des revendications d’ordre sociale et sociétales (droit à la différence : homosexualité, transgenre… sur lesquels nous reviendrons par la suite) face au BPU (Bureau pour la préservation des organisme) organisme opérant à des fins encore mystérieuses à la fin de la première saison mais s’inscrivant dans la dynamique de l’exploitation de L’Homme par L’Homme, l’idée de le contrôler, l’asservir à l’instar des « cultures humaines » de Jupiter où des Hommes inertes sous le contrôle de machines sont asservis afin d’exploiter leur génétique, la matrice, le traitement des serveuses robotisés de Cloud Atlas, ainsi que les expériences de l’orphelinat de V for Vendetta sont ici prolongé par les activités du BPU qui chercher également à réaliser des expérimentations sur les sensées (lobotomie de Nomi).
Leur cinéma s’appuie également sur une réflexion sur les nouvelles technologies, si Matrix questionnait la robotique (à l’instar de cloud Atlas sur l’intrigue se déroulant à New Seoul) et le monde informatique, la programmation, thèmes également exploités dans Sense8 via les différents hackages informatiques, la série se centre elle sur la question des nouvelles technologies de la communication, revendiquant clairement l’influence des réseaux sociaux et skype en particulier dans la construction de l’intrigue. La série questionne également « la condition humaine », où commence et s’arrête le concept de l’entité humaine en creusant des problématiques en lien avec la génétique, que l’on retrouver déjà dans Jupiter avec Chanung Tatum n’étant pas vraiment un humain mais une sorte de croisement avec une espèce extraterrestre, de même l’univers de Matrice explore le théme de l’anomalie dans les systèmes, de programmes partageant finalement des traits humains (à l’instar des robots de Cloud Atlas) que l’on peut rapporter à la mutation génétique semblant se manifester chez les sensate et qui effraie l’institution par son caractère méconnu, incontrôlable. Ils posent la question de la nature de l’Homme l’inscrivant dans une nouvelle dualité une nouvelle fois assez inhérente à leur cinéma entre la science dans une ère de technologie de pointe et une dimension plus spirituelle, voire religieuse. Maliki dans sense8 face à la question du policier de Chicago, « sommes-nous humains » lui répond que « si l’humanité se définie par la faculté d’être en empathie avec les autres et le monde, alors nous sommes plus humains que personne ne le sera jamais », une autre conversation entre Wolfgang et Kala sur la science et la religion énonce l’idée qu’en somme se ne serait qu’un autre langage pour parler de la même chose. Ces thématiques rejoignent des idées existants déjà dans l’univers de Matrix, l’oracle énonçant à la fin de Matrix que rien ne présupposait le sucés de Néo ni qu’il soit bel et bien le meneur tant entendu, pourtant elle le savait malgré tout car elle avait la foi. Le thème de la fois revient également dans Cloud Atlas selon plusieurs approches. Les wachowski explorent également tout le long de leur cinéma des questions rattachées à la sexualité, mettant en avant des relations plus ou moins atypique : Bound explorait l’amour homosexuel entre 2 femmes sans en faire un enjeu sociétal mais inscrit dans la dynamique du thriller et du film noir. Ce théme est repris dans Sense8, cette fois dépeignant la relation entre 2 hommes, l’acteur mexicain et son amant caché, ils explorent également de nouvelles possibilités avec l’union d’une femme transgenre et d’une femme, via le personnage de Nomi. Par ailleurs les Wachowki ont exploré des formes de sexualité hybride pouvant s’aligner sur les problématiques de « frontières  de l’humanité », en mettant en scéne des relations entre une robot et un homme dans Cloud Atlas, une humaine et une créature extraterrestre dans Jupiter Ascending. Sense8 prolonge ces investigations par le biais d’une scéne d’orgie à distance entre toute la communauté se déroulant entre des individus qui ne sont pas physiquement au même endroit et qui a de ce fait semble s’affranchir de toute considération liée aux contraintes de l’espace.
Ce qui nous améne à un nouvel exemple de problématiques abordés par les Wachowski que la série va prolonger, en ce qui concerne le travail sur la temporalité, l’espace et l’idée de transcendance. Dés Matrix les personnages avaient la possibilité dans des espaces inexistants, la matrice, les salles de simulation, le couloir dans l’immeuble de l’oracle dont le symbole est repris dans la série dans une sorte de labyrinthe à Berlin que les personnages traversent dans toutes les directions, ouvraient la voix à de nouveaux espaces en dehors du temps. Sense8 apporte une nouvelle approche en créant des sortes de portail intangibles entre les individus, réduisant les contraintes de l’espace, et les permettant d’évoluer par instance dans une sorte de monde intermédiaire entre un état de transcendance et l’état palpable du monde. Cloud Atlas par son montage (sur lequel nous reviendrons) semblait crée là aussi des liens entre les personnages à travers l’espace et le temps (par exemple Doona Bae à New Seoul donne sa conception du paradis comme un lieu où son amour reviendrait et elle pourrait s’unir à lui, le plan suivant met en scène la même actrice dans un rôle différent dans une intrigue se déroulant au XIX eme où son amant incarné par le même acteur rentre justement de voyage et l’a prend dans ces bras). De même Sense8 aborde la temporalité de façon particulière en s’appuyant principalement sur un montage alterné créant une certaine simultanéité entre les événements censés se dérouler au même moment dans plusieurs parties du monde, mais va également mêler des souvenirs des flash-back que les personnages vont également partagés avec les autres sensates à l’instar de cloud Atlas qui va donner à voir en plus d’actions de déroulant à plusieurs époques et plusieurs espaces différents, des flash back, des souvenir se fondant dans l’image du présent ou donnant lui à de nouvelles sequences. De même Matrix ou V for vendetta vont introduire également des données à l’intrigue via des flash back qui permettent de mieux appréhender l’action, voire des prévisions de l’avenir (Dans Matrix reload Neo voit Trinity tombait parsemée de balles en rêve, ce n’est qu’à la fin du film que la scène finit par se dérouler). L’idée de transcendance est évoquée explicitement dans Sense8 par le bais de plusieurs personnages s’adonnant à la drogue, rejoignant par là des problématiques abordés plus tôt, l’idée d’évasion, de monde fictif ou encore l’idée de mieux comprendre le monde nous entourons, découvrir des mystères invisibles. Mais la série laisse entendre à l’instar de toute la filmographie des Wachowski que ce privilège de la découverte, de la confrontation à la vérité n’est réservé qu’à un petit nombres d’élus dans le secret.
On peut relever que via les intrigues censées être plus secondaires dans la série, relative aux difficultés personnelles que traversent les personnages, des thèmes récurrents du cinéma des Wachowski apparaissent, les problèmes de Riley avec le milieu de la mafia rappellent Bound, les trames familiales avec l’idée de poursuivre l’œuvre du pére (avec le policier de Chicago qui reprend le travail de son pére poursuivant l’œuvre abandonné par son père rappelle Jupiter passionné d’astronomie à l’image de son pére mort, où encore le pilote de Speed Racer poursuivant l’œuvre de son frére mort sur le circuit), les démêlés familiales (l’histoire de la firme à Séoul avec le personnage de Doona Bae qui se fait accuser à la place de son frère rappelle les problèmes d’héritage de Jupiter Ascending). De même en ce qui concerne l’intrigue principale l’immersion de personnages dans le milieu de l’ennemi (laboratoire du GPO) avec des personnages dans l’action et d’autres supervisant le tout par ordinateur (leur donnant des informations…) rappelle de scénes assez proches dans Matrix avec leur personnage de Link.
Enfin on peut dire que la série va également comme dans la plus part des films des Wachowski donner à voir à l’image des référence cinéphiliques qui inspirent les personnages au quotidien V for vendetta évoquait le comte de Monte-Cristo que V regardait en récitant par cœur les répliques, de même c’est par la découverte d’une séquence de film (cette fois fictive) que l’une des serveuse robot va se rebeller en scandant la même réplique que dans le film. Sense8 reprend cette démarche via Capheus qui puise son courage chez Jean-Claude Vandamme (il l’a baptisé son bus en référence à lui), les deux cambrioleurs de Berlin sont également unis par un film qu’ils regardent depuis leur enfance, scandant à nouveau une des répliques pour se donner du courage quand ils ont des adversaires à affronter, notamment le père même de Wolfgang.(« Personne se rappellera si on était des Homme bons ou mauvais » Conon le Barbare 1982)

Ainsi on peut constater que la série s’appuie sur un ensemble de codes en ce qui concerne les personnages, les thèmes abordés, les problématiques qui y sont soulévés qu’on peut rapporter de façon plus globale à l’ensemble de l’œuvre des Wachowki qui ainsi marquent malgré tout la série de leur empreinte. Se pose alors la question de l’intérêt de faire une série ? Qu’apporte en soit ce format au Wachowski pour éttayer toutes ces problématiques inhérentes à leur cinéma ? Quelles nouvelles contraintes et libertés posent l’utilisation de ce média notamment en matiére esthétique et de construction narrative ? Nous allons tenté ici d’aborder ces questionnements.

En premier lieu il advient de constater que les Wachowski ont tendance à monter des projets dont le resultat final s’avère s’inscrire dans une durée relativement longue : la trilogie Matrix, 3 films de plus de 2 heures chacun, à quoi on peut ajouter les Animatrix film d’1h30, Cloud Atlas film de 2h50 ce qui leur avait par ailleurs entrainé un conflit avec la production qui voulait un film n’excédant pas 2h30). La série va leur permettre d’accéder à cette liberté en matière de durée du programme, leur permettant de développer leur intrigue et leur univers de façon plus progressive. A ce titre comme l’évoque Straczynski : « la série a été écrite comme un film continu de 12 heures, ce qui permet de raconter l'histoire à un rythme différent. » Au regard de cette citation et du visionnage de la série on constate en effet que Sense8 semble davantage adopter une construction cinématographique bien plus que sériel. L’utilisation du format série va permettre aux Wachowski de mettre en scéne une intrigue s’inscrivant dans la continuité de leur filmographie mais qui va reposer sur une durée plus longue leur permettant d’adopter une démarche plus inaccoutumée à leur cinéma où l’intrigue globale, l’enjeux principal, l’ennemi à affronter est généralement très rapidement appréhender, la série au contraire va clairement mettre en suspens l’intrigue principal (il faut attendre l’épisode 8 de la saison 1 pour entendre parler du GPO) pour développer aux contraires les intrigues plus secondaires relatives à chaque personnage. Ils vont ainsi se concentrer et développer leurs personnages comme leurs films ne l’avaient jamais fait, abordant par la même occasion de front des idées jusque-là plus effleurés que véritablement traités : notamment les questions sociétales, les rapports entre les sociétés notamment, mais surtout la question de « la différence ». En effet le fait que Larry Wachowski soit devenu Lana, et Andy soit devenu Lilly, cette dernière opérant par ailleurs son changement de sexe un moins avant la diffusion de la première saison, et soit de plus passé de ce fait d’une relation hétérosexuel à homosexuel n’est pas un secret pour autant ces problématiques n’ont jamais explicitement étaient soulevés dans leur cinéma (Hugo Weaving joue plusieurs personnages féminin dans Cloud Atlas mais sans que ça fasse pour autant l’objet d’un traitement particulier, de même les personnages principaux de Bound formaient un duo lesbien sans que ça fausse l’objet d’une réflexion sociétale, V for vendetta évoque de façon plus anecdotique ces problématiques lorsque le personnage de Nathalie Portman se retrouve incarcéré elle a pour seul réconfort le journal d’une ancienne prisonnière torturée pour son homosexualité, Cloud Atlas également avec l’histoire d’amour homosexuel du compositeur mais qui ne fait pas une fois de plus l’objet d’un approfondissement sur le regard de la société, de ces proches notamment. Sense8 va pour la premiére fois aborder de fronts ces problématiques, les wachowski emploient pour la premiére fois une véritable actrice transgenre Jamie Clayton incarnant Nomi. Par le biais de ce personnage lana Wachowski va s’investir personnellement dans la série par l’introduction d’éléments autobiographiques, ce qui n’avait jamais été le cas dans leurs œuvres précédentes bien qu’elles donnaient à découvrir leur univers et leur influence : A ce titre on peut citer Grant Hill le producteur : «Je pense que c'est un mode de narration légèrement différent de ce que nous avons l'habitude de Wachowskis, et comme le spectacle progresse, il devient de plus en plus personnelle et intime ». Ainsi aux regards des interviews donnés par Michael Straczynski c’est véritablement dans la saison 2 avec l’introduction de nouvelle communautés sensate notamment et le début de la véritable lutte, résistance avec le GPO que l’intrigue principal va véritablement prendre corps et se rapporter ainsi davantage aux scénarios que les Wachowski ont l’habitude de proposer. La saison 1 s’adonnant elle réellement à l’introspection sur ces personnages et les contextes sociaux-culturels dans lesquels ils s’expriment s’attardant ainsi sur des thèmes semblant annexe à l’intrigue principal. Pour revenir au personnage de Nomi, la série va s’attacher à dépeindre la relation qu’elle entretient avec sa famille et notamment sa mére qui refuse d’accepter son changement de sexe, continuant notamment à l’appeler par son nom masculin de départ notamment. Le premier épisode se déroulant dans un contexte de gay pride, avec une piéce de théatre rappelant les souffrances des homosexuels aux Etats unis pour se faire accepter ainsi que le dilemme de Lito entre assumer son homosexualité et renoncer à carrière de figure masculine par excellence à la télévision mexicaine donne à la série un caractère politique, social et engagé bien plus manifeste que les œuvres précédentes des Wachowski. On peut évoquer une conversation subvenu entre Lito et Nomi dans le 10eme épisode de la saison 1 dans un musée où ces questions sont également soulevés, Nomi rappelant avoir souffert du regard des autres dans son enfance et appelle à se revendiquer, à s’assumer, renvoyant aussi aux thèmes plus généraux de la série abordés dans la saison 1 là aussi clairement annexe à l’intrigue principale de science-fiction habituelle, notamment la question de l’union des peuples, la dimension internationale de la série (un autre exemple illustrant se propos pourrait être la relation amoureuse se nouant entre Kala l’indienne qui évolue entre traditions et modernité, notamment via les deux rapports aux mondes différents qu’entretienne sa famille et celle de son futur époux, va s’ouvrir sur l’extérieur via le personnage de Wolfgang et inversement. Michael Straczynski insiste beaucoup sur l’idée de la science-fiction comme prétexte ici pour mettre en avant ces problématiques.
Une autre citation de Straczynski va nous permettre de revenir sur idée préalablement évoqué sur l’idée d’une série employant un langage davantage d’ordre cinématographique que sériel : Le premier épisode est écrit de manière à ce que vous ne puissiez jamais faire de pilote. Avec les pilotes, vous devez mettre en place toutes les règles et expliquer tout ce qu'il faut pour accrocher les gens (...) au lieu de cela (…) la série a été écrite comme un film ». En effet on peut dire que la série en matière esthétique et de construction narrative ne semble pas contrainte ou orienté par les codes de la série telle qu’elle est traditionnellement perçu. La série ne va en effet pas nécessairement cherché si ce n’est peut-être avec des scènes finales dans chaque épisode qui tiennent en haleine le spectateur à se rattacher à une grammaire télévisuel (cliffhanger). Néanmoins des procédés comme l’adresse au spectateur que l’on retrouve encore actuellement dans des séries comme  House of Cards ne sont jamais employés, où des scènes récurrentes revenant en fin d’épisode à l’instar des scènes à la jumelle de Helmer dans Riget. De même le début de chaque épisode ne va pas se référait à l’épisode précédent dans un souci de re contextualisation, sa narration se veut assez libre (mais soumise aussi à quelques contraintes que nous aborderons). La mise en scène n’apparait pas non plus limité ou se démarquer en particulier par le format série, rappelons que l’écart esthétique tend de façon général à se réduire entre les séries et le cinéma, notamment pour celle s’inscrivant dans une démarche cinématographique et ayant les moyens de le faire à l’instar de Sense8. Le budget est au moins aussi conséquent que celui de leurs films", déclare Ted Sarandos, directeur des programmes de Netflix. Quand on se refaire aux budgets de leurs précédents films jupiter Ascending $(176 million de dollars) et Cloud Atlas (102 millions de dollars)  ce qui ferait un budget global entre 100 et 200 millions de dollars ce qui reviendrai par épisode entre 8.3 et 16.6 millions de dollars, budget conséqu
compte rendu saison 1 SENSE8
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