De nombreux artistes sont amenés à travailler dans le design interactif et technologique. Je pense par exemple à Anouk Wipprecht, adepte de la fashiontech. La styliste définit la technologie comme un moyen de communication susceptible de nous aider à nous exprimer. Dans cette même optique, j'ai imaginé une machine qui serait capable de lire les pensées de l'homme. Ma réalisation consiste à relier deux corps par le biais d'un embranchement composé de câbles électriques, de fibres de tissus, de cordes recouvertes de plâtre rose semblable à des viscères. Le rouge et le bleu évoquent des artères, ou également, en électricité le fil de phase et le fil neutre des câblages. Les pensées apparentes des individus sont représentées par un premier amas de fils rouges d'épaisseurs et de textures différentes. La deuxième épaisseur est constituée de plumes et d'algues recouvertes de plâtre rosâtre et grisâtre. Ces matières organiques expriment la forme d'un cerveau qui s'échappe du corps comme l'esprit. Cette expérience portant sur le transhumanisme révèle bien des problématiques. Entrer dans les réflexions intérieures de l'autre permet de mieux comprendre son fonctionnement, ses réactions et donc pour l'avenir envisager de meilleurs échanges. Aussi, nous serions confrontés à soulever le mensonge de la réalité. Mais cette expérience ne se révélerait-elle pas de l'ordre de l'intrusif ? Chacun est libre d'avoir son jardin secret, cependant ici l’intimité est totalement exposée. Cette pratique pourrait conduire à un véritable malaise anthropologique car si nous ne disons pas certaines paroles c'est bien parce qu'elles ne doivent pas être entendues.
