Les Madeleines de Proust… Toutes ces petites choses qui évoquent, éveillent et transportent, au delà du temps et de l’espace.
Retour en arrière brutal, qui initie une mécanique régressive de plaisirs enfantins. Ici, ce n’est ni d’odeurs ni de saveurs qu’il s’agit. Plutôt des couleurs, une musique, un visuel et un univers. Et dès les premières secondes, transformation en un super héros masqué, chevauchant son lion casqué et brandissant son bras robotique en direction du méchant monstre tout rose. J’aime ce retour en arrière, j’aime tenter de me sentir à nouveau fébrile devant la succession des images, l’imperfection d’une époque et cette sensation que devant moi se jouait l’avenir de toute une génération. J’aime ce que c’était, et ce que cela représentait. Mais alors, aujourd’hui?
Aujourd’hui, je repars. Dans de lointaines galaxies, vers l’infini, et vous connaissez la suite… Je me replonge dans ces années, je revois ces héros, je prends mon crayon, et je m’évade… Je me rappelle de ses forces, de ses faiblesses, de ses craintes, et des miennes. Je lui redonne sur le papier une partie de sa vie, quand elle côtoyait la mienne. De traits en courbes, en gris et en noir, il redevient ce robot vaillant, cette ombre furtive dans la nuit de Gotham, ou ce monstrueux Golgoth avide de conquêtes. De morceaux et de bribes, je regroupe, et je construis. Et le champ de la bataille finale s’anime de bang, de boum et de kapow!
Numérique et analogique, peinture et texture, je colorise, je tire de l’oubli, extirpé de cette « Dark City », et je fais de rouges et de verts exploser à mes yeux ébahis la continuité de cette folie infantile, la poursuite de cette extraordinaire épopée. Choc entre titans, mais mes yeux ont-ils changé? Peut-être… Mon âme? Certainement pas. Et je repars avec ce super héros masqué, chevauchant son lion casqué et brandissant son bras robotique en direction du méchant monstre toujours aussi rose. Parce qu’au fond, nous ne nous sommes jamais quittés.
Mais finalement… Me serais-je réapproprié ces héros de mon enfance? Ou alors se seraient-ils réappropriés le prisme de mon regard d’enfant, pour mieux retrouver dans mon âme cette petite flamme qui transforme chaque image en un voyage. Finalement… Leur redonner vie? ou leur redonner ma vie? Rejouer avec eux, ou les laisser me prouver qu’ils auront entretenu un petit coin destiné à Peter Pan dans chacune des cellules de ma mémoire.
Alors, peut-être… Ce n’est peut-être pas eux les héros de mon enfance, mais je suis peut-être, peut-être le petit héros de leur existence… Peut-être…
