Matthieu Cordier's profile

VINYL ARCHAEOLOGY

Editorial

 
VINYL ARCHAEOLOGY


- 200x280 mm
- 222 pages
- Textes composés en Monoclature
  & Monoclature Slab Serif
- Impression noir et couleur
- Munken Lynx Rough 120g.
- Arctic Volume White 130g
- Splendorlux LW White 90g.
- DCP Gloss Coated 135g.
- Nautilus SuperWhite 80g.
- Canson Light Grey 240g.
- Visioposter dos bleu 115g.
- Reliure dos carré-collé
- 3 volumes
- 1 exemplaire


Mon travail pour ce projet s’articule autour des processus et des
modes de production des musiques électroniques, notamment
les pratiques du sampling (utiliser des échantillons sonores
comme matière de sa production) et du crate digging.
Le crate digging (« fouillage de caisses » en anglais) désigne
la pratique des DJs et producteurs consistant à rechercher
et collectionner des archives musicales en tous genres et
en grand nombre (la plupart du temps sous forme de disques
vinyles) afin d’y trouver les samples nécessaires à leur travail,
leur matière première.

 
Pour mon D.N.S.E.P., j’ai réalisé cette série de trois livres
se concentrant sur les processus de production de l’album
Endtroducing (1996 - Mo’ Wax) de DJ Shadow, qui est
le premier album à être composé entièrement de samples.
Je me suis notamment intéressé à la genèse de l’album,
la recherche de matériaux nécessaires à sa réalisation
et donc aux questions liées à la collection, au classement
et à l’archivage.
C’est ce qui a guidé la réalisation de ces livres, autant dans
leurs formes que leurs contenus. En effet, à la manière de
DJ Shadow, il s’agit d’abord d’un grand travail de recherche,
de sélection et d’agencement des contenus, avant la réalisation
à proprement parler. Je suis tout autant concepteur éditorial
que designer de ce projet.

 
Il s’agit de trois livres distincts, trois livres de collection se
complétant. Des parties de chaque livre différent et il faut
posséder les trois pour obtenir toutes les informations.
Ce principe fait écho aux objets de collectionneurs, avec
de légères variations, comme les pressages de vinyles rares,
les faces B inédites, etc.

 
La jaquette à l’américaine qui englobe le livre est imprimée sur
papier dos bleu. La face bleue est utilisée pour l’extérieur et on
y trouve imprimé le dessin technique à échelle 1 d’un sampler-
sequencer Akai MPC 60II qui a servi à composer l’ensemble de
l’album. Les titres de chaque livre (Vinyl Archaeology - Vol. 01,
02, 03
) sont inscrits dans l’écran LCD, reprenant le design des
menus de la machine. À l’intérieur de la jaquette (face blanche)
est imprimé un tiers d’une image issue du livret d’Endtroducing :
si l’on possède les trois livres, on peut compléter l’image totale
en réunissant les trois jaquettes. Cette image est représentative
du concept de ces livres puisqu’elle montre le work in progress
de DJ Shadow.
Ce principe d’image à compléter se retrouve également
à l’intérieur du livre avec la pochette de l’album en pleine page.

 
Le livre est divisé en plusieurs parties (nommées séquences en
référence à la MPC), délimitées par des intercalaires cartonnés
gris (papier utilisé également pour la couverture) évoquant une
esthétique de l’archivage. Dans un même principe, la majorité
du livre est imprimé sur un papier Munken Lynx Rough dont
le blanc naturel tire sur le grisâtre.
L’ensemble du livre est composé en typographie à chasse fixe.
Il s’agit du Monoclature, un caractère que j’ai dessiné en vue
d’utilisations liées à la classification et à l’archivage (son nom
est une contraction de monospaced et nomenclature).

 
La séquence 01 est une courte introduction présentant
DJ Shadow et son album Endtroducing.

 
Dans la deuxième séquence, nommée Catalogue, chaque
morceau de l’album est décrit et sa composition est expliquée
par des diagrammes montrant la manière dont les samples qui
le constituent sont agencés dans le temps.
Chaque sample est numéroté, représenté par une couleur
et répertorié dans un index à la fin du livre. Chaque couleur
correspond à un type de sample (rythmique, mélodie, voix,
multi), similaire aux couleurs de papiers dans l’index.
Seuls quatre ou cinq morceaux sont détaillés dans chaque livre :
ici encore il faut posséder les trois ouvrages pour avoir tous
les diagrammes.

 
Ces diagrammes sont imprimés sur des pages doubles, pliées
et reliées comme dans une reliure japonaise.
À l’intérieur sont dissimulées les reproductions des pochettes
des disques dont sont issus les samples du morceau
représenté sur la première page. Une prédécoupe a été faite
sur les plis pour permettre de déchirer les pages et d’accéder
aux images. Ce système a été pensé dans une volonté de
retrouver les principes de fouille, de mystère et de découverte
du crate digging.
Ces pages sont imprimées sur un papier Splendorlux, qui est
un couché brillant une face : le côté non couché est réservé
à l’extérieur, et le côté couché aux images. Cela renforce le jeu
de dissimulation et rappelle le double aspect des pochettes
cartonnées des disques vinyles.

 
Toutes informations typographiques ont été exclues de ces
images de façon à ce qu’elles apparaissent comme muettes
et anonymes, comme pour mieux souligner le fait que des
pratiques contemporaines comme le sampling dissolvent les
notions d’auteur. Les noms des artistes et des titres n’y ont plus
d’importance et se perdent dans les réinterprétations qu’en
font les DJs et producteurs. Plus que jamais cette technique
musicale donne une seconde vie aux constats émis il y a plus
de 40 ans par Roland Barthes et Michel Foucault à propos
du statut d’auteur et peut se résumer par la célèbre phrase :
« Qu’importe qui parle ? »
Ces images ainsi rendues muettes et mises en relation selon
certains jeux de couleurs, formes ou contenus, ré-ouvrent
l’interprétation et révèlent alors toute leur polysémie.

 
Les cinq séquences qui suivent sont toutes composées
de textes traitant du mode de travail de DJ Shadow, de sa
démarche et de la construction d’Endtroducing, la plupart sous
forme d’interviews. Ils sont également illustrés par des images
imprimées sur papier Arctic Volume White.
Ces textes sont mis en page selon un principe de grille de trois
colonnes modulées selon les besoins. Il en est de même pour
le caractère : les versions sans serif et slab serif du Monoclature
varient selon les contenus et les types de texte. Par exemple,
les interviews sont mises en page selon un principe visant
à renforcer l’aspect question-réponse: une colonne à gauche
est réservée à la « voix » de l’intervieweur, composé en sans
serif souligné, et deux colonnes à droite sont réservées aux
réponses, en vis-à-vis, en slab serif.
Certaines parties des textes sont occultées par des bandes
grises : plutôt que d’être enlevés, les extraits ne traitant pas
à proprement parler de la production de l’album sont masqués
par ce procédé, afin d’opérer une sorte de sampling textuel
visible, affirmer un choix de sélection et le montrer. Ces bandes
créent ainsi des rythmes faisant écho aux diagrammes.

 
La séquence 08 est composée de captures d’écran d’une scène
du documentaire Scratch (Doug Pray, 2001), où DJ Shadow est
interviewé dans le sous-sol du disquaire qu’il fréquentait quand
il préparait Endtroducing.
Ici, les proportions de l’écran sont conservées et le sens
de lecture diffère du reste du livre, dans le but d’avoir
un défilement vertical, comme une pellicule, accentuant ainsi
les accumulations borgésiennes des piles de disques vinyles.
Les captures d’écran ont été réalisées avec les sous-titres,
le discours étant tout aussi intéressant que les images.

 
La dernière séquence est composée de l’index, qui répertorie
tous les samples, avec leurs informations techniques et
détaillées et leurs pochettes en petites vignettes, cette fois-
ci avec toutes les informations typographiques. Il est imprimé
sur quatre papiers de couleurs différentes correspondant
aux types de samples. La manière dont est mis en page cet
index fait écho aux répertoires que l’on peut souvent trouver
dans les catalogues d’exposition, afin de renforcer l’idée de
voir DJ Shadow comme un curateur qui cherche, découvre,
collectionne, agence et expose les petits morceaux d’œuvres
que sont les samples.
Seuls les samples présents dans le livre sont visibles, ceux qui
sont dans les deux autres livres sont occultés par des bandes
grises et les images sont marquées comme manquantes.
Cet index est donc lui aussi à compléter : il faut posséder les
trois ouvrages pour connaitre tous les samples et accéder
à toutes les informations.

 
Enfin, ces livres sont accompagnées chacun d’un CD de
données à l’aspect brut, contenant les morceaux originaux
samplés présents dans le livre, une interview radiophonique
en format audio, une vidéo d’archive de 1995 du home studio
de DJ Shadow, la scène entière de Scratch dont sont issus
les captures d’écran et quelques fichiers cachés.
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Les livres Vinyl Archaeology – Vol.01, 02 & 03 explorent les processus de production de l’album Endtroducing (1996) de DJ Shadow, notamment les t Read More

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