C’est le printemps, c’est donc aussi la saison des Hanami (花見, “fleur voir”). Malgré tous les tracas des trois dernières semaines, le Japon se couvre progressivement de cerisiers en fleur. Oui c’est un éveil pas comme les autres années. C’est une sorte de convalescence. Une vraie.
Le ‘front d’éclosion’ (桜前線) est parti du sud à Okinawa, et avance vers le nord et l’ile d’Hokkaido. Les japonais suivent les chaînes de météo, sans blague, pour connaître les dernières “prévisions de bourgeonnements”. Depuis quelques jours, le front a frappé Tokyo. La ville est de toute ses beautés. Grâces impériales.
Alors hier j’ai fait le Hanami avec des bénévoles rencontrés au centre de tri. Ça fait pratiquer le Japonais. Mais c’est surtout violemment thérapeutique. Indescriptible. Toutes les familles inondent les parcs d’une ambiance de samedi après midi, comme si c’était un printemps comme les autres. Premières vraies sorties publiques. Personne n’y manquait.
Ça cure de l’ivresse des tremblements, ça cure de la nuke-phobie. Tout décante.
Je n’exagère pas, c’est vraiment indescriptible.
Les dernières semaines étaient parmi les plus étranges de ma vie. Mais maintenant j’ai l’esprit léger, reposé. J’ai l’impression que je le mérite vraiment. Les Tokyoïtes le méritent vraiment. Je souhaite que la même exaltation suivera le front jusqu’au Nord-Est, pour requinquer ceux qui sont encore à zéro, en attente eux aussi des premiers bourgeons.