Mélodie Vachon Boucher's profile

Le meilleur a été découvert loin d'ici . Livre

Le meilleur a été découvert loin d'ici
Écriture, design, mise en page et édition . Projet personnel 2012
Samedi matin . 17 février 2012
Dernier jour à l’abbaye

Je me doute qu’il sera facile de penser que je me suis éparpillée en allant aussi loin de chaque côté de ce récit. Je me le suis moi-même demandé à plusieurs reprises. Chaque fois que j’ai douté de la pertinence d’un passage ou d’une histoire, j’ai réussi à trouver par quelle façon ils étaient rattachés aux objets de St. Jacobi I. Dans cet écrin de silence qu’est l’abbaye, j’ai ouvert les portes de mon propre cimetière pour marcher entre les histoires de mon avant. J’ai caressé quelques souvenirs, j’ai regardé de loin certains autres. Le voyage procure une distance de temps et d’espace dans laquelle il est facile de nous recueillir, de nous replier. En levant les grilles de notre quotidien, l’étranger nous oblige à sonder ce qu’il y a en nous pour fonctionner. Notre propre jugement, échafaudé sur celui des autres, guidé par les contraintes de notre vie quotidienne, ne peut plus servir de réponse spontanée aux choix à faire. Voyager implique de visiter ce lieu en nous qui connait toutes les réponses, mais que mille détours nous empêchent d’habiter. Loin, notre contrôle n’a plus de portée, notre logique se trompe, notre langue se perd. La seule façon possible de vivre le voyage se trouve alors à rendre élastique le chemin entre soi et le monde extérieur. Humblement accepter que nous ne sachions pas comment lire l’extérieur nous force à chercher des réponses en nous-mêmes. Nous apprenons alors à sonder nos instincts, nos impressions, nos sentiments, nos envies. À apprivoiser nos peurs et à visiter nos deuils dans cet endroit en nous où les monuments de nos plus beaux souvenirs sont érigés. À déposer nos fleurs là où sont enterrées nos plus grandes peines. C’est dans nos cimetières que la fin devient une partie de l’histoire et c’est par la mémoire, par le souvenir, que nous nous animons, que nous existons. Les choses que nous ne visitons pas se font oublier, n’existent plus. Certains cimetières sont en pleine ville, d’autres en retrait. Je ne crois pas que ce soit un hasard.
Voyager, comme vivre, aimer et créer, implique d’accepter que l’aventure ait une fin. Rendre visite à nos morts sert à apprivoiser cette idée-là et à écrire des histoires. Le meilleur a été découvert loin d’ici est né au milieu du cimetière St. Jacobi I, à Berlin, en avril 2011. D’abord de nature photographique, ce projet m’a amenée à visiter mes souvenirs et à apprivoiser mes deuils. Le présent recueil se veut donc une rencontre entre ces images et mon histoire.
Le meilleur a été découvert loin d'ici . Livre
Published:

Le meilleur a été découvert loin d'ici . Livre

Récit poético-auto-biographique

Published: